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Parlant du mariage et de la concupiscence de nos premiers parents, j'avais établi une distinction essentielle ainsi formulée « En se créant plus tard une postérité, ils réalisèrent le bien inhérent au mariage, tandis que le mal de la concupiscence s'était clairement révélé dans ce sentiment de honte et de confusion, qui leur inspira de se couvrir de feuillage1 ». Cette distinction, vous la réfutez en ces termes : « Ce qui est bon fait nécessairement rejaillir sa bonté sur tout ce qui lui est essentiel » . C'est dire clairement que le mariage doit faire cause commune avec la concupiscence dont il est toujours accompagné ; mais un peu de réflexion vous montrera comment s'écroule cette maxime pour vous définitive. D'abord, dans l'universalité des choses créées, il doit nécessairement s'en trouver de mauvaises, et cependant il n'est aucunement vrai de dire que les mauvaises méritent les mêmes éloges que les bonnes. Ensuite, si « ce qui est bon fait nécessairement rejaillir sa bonté sur tout ce qui lui est essentiel », on doit dire également que ce qui est mauvais fait nécessairement rejaillir son propre désordre sur tout ce qui lui est essentiel. Réprouvons donc les oeuvres de Dieu, comme nous réprouvons le mal qui s'y trouve nécessairement mêlé. Le mal existe, par conséquent il a son siège dans telle ou telle des oeuvres de Dieu, car, s'il n'était dans aucune de ces oeuvres, il n'existerait pas. Sans aller plus loin, réprouvez donc ces membres humains, comme vous réprouvez l'adultère, car l'adultère n'est possible que par, ces membres. Si vous repoussez cette conclusion d'une folie trop manifeste, avouez du moins que le mariage peut être bon, sans communiquer aucun reflet de bonté à cette concupiscence saris laquelle, aujourd'hui, le mariage n'est pas possible ; je dis également que le mal ne peut communiquer aucun reflet de malice à la création, sans laquelle pourtant il n'existerait pas. Votre définition est fausse, toutes les conséquences que vous en tirez le sont donc également.
Du Mariage et de la Conc., liv. I, n. 8. ↩
