38.
Vous n'avez que trop l'habitude de chercher un refuge dans les maximes des auteurs profanes. Eh bien ! faites taire vos préjugés et écoutez ce qu'un poète a dit de Caton : «Il est le père et l'époux de la Ville, le disciple de la justice, le rigoureux observateur de tout ce qui est honnête, dévoué au bien public ; et jamais le besoin naturel de volupté ne s'est glissé dans aucun de ses actes pour en prendre sa part1 ». Quant à savoir ce que fut Caton, et s'il possédait la vertu et l'honnêteté véritables, c'est une autre question. Toutefois, quelque but qu'il se soit proposé dans ses fonctions, toujours est-il vrai de dire que la concupiscence ne resta point étrangère à ses devoirs d'époux, ce qui n'empêche pas que jamais le besoin naturel de volupté ne s'est glissé dans aucun de ses actes pour en prendre sa part. La raison en est qu'il ne faisait pas pour la volupté ce qu'il ne faisait pas sans volupté; et, quoiqu'il n'eût pas de Dieu une véritable connaissance, il ne possédait pas le vase de son corps suivant les mouvements de la concupiscence ; je suppose évidemment qu'il fut réellement ce qu'il nous est montré par son panégyriste. Et après cela vous refusez encore de comprendre cette parole de l'Apôtre : «Que chacun de vous sache posséder le vase de son corps, non pas selon les mouvements de la concupiscence, comme les païens qui ne connaissent pas Dieu ».
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Lucain, Phars. liv. II, v. 388-391. ↩