1.
Vos outrages, Julien, et vos malédictions, inspirés dans vos quatre livres par la haine la plus ardente, je le dis en toute vérité, je ne les méprise pas. Et comment pourrais-je les mépriser, quand, rentrant dans ma conscience, je trouve que je dois m'en réjouir pour moi-même, et en gémir pour vous et pour ceux que vous trompez? Or, méprise-t-on d'ordinaire ce qui cause de la joie ou de la douleur ? Non, ce qui nous réjouit ou ce qui nous contriste, ne nous paraît nullement méprisable. Ce qui me cause de la joie, c'est cette promesse énoncée par le Seigneur : «Quand les hommes, par haine pour moi, disent mensongèrement contre vous toute sorte de mal, réjouissez-vous et tressaillez d'allégresse, parce qu'une grande récompense vous attend dans les cieux1 ». D'un autre côté, ce qui cause ma douleur, c'est ce cri de l'Apôtre : «Qui est faible, sans que je devienne faible avec lui; qui est scandalisé, sans que je brûle2? » Mais pour soutenir votre doctrine que vous croyez la vérité, vous pouvez tenir le même langage. Laissons donc, si vous le voulez, ces généralités que l'on peut se renvoyer de part et d'autre, quoiqu'elles ne puissent être vraies des deux côtés à la fois.
