3.
Dans votre introduction, vous tentez les plus grands efforts pour prouver cette proposition qui n'est niée par personne, et que je prêche sans cesse : « Dieu est le créateur des hommes ». Puis vous entrez en matière en m'empruntant ces paroles : « C'est pour le monde, et non point pour Dieu, que naît l'homme issu de la concupiscence de la chair; s'il naît pour Dieu, ce n'est que quand il renaît de l'eau et de l'esprit1 ». De ces paroles, grâce à vos arguties insidieuses, vous voudriez tirer pour conclusion que, selon moi, tout ce qui appartient au monde appartient au démon. Vous appelez comme preuve ces autres paroles: « Ceux qui naissent du mélange des corps tombent sous le joug du démon » ; ou bien encore: « Les hommes sont arrachés à la puis sauce des ténèbres lorsqu'ils sont régénérés en Jésus-Christ ». A cette nouvelle calomnie de votre part, voici ma réponse. Quand je dis du monde qu'il est sous l'empire du démon, vous prétendez que j'affirme du démon qu'il a créé le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment, ou du moins qu'il exerce sur cet univers un empire arbitraire et absolu. Loin de tenir un semblable langage, je le réprouve et le condamne, de quelque part qu'il soit formulé. Ce que j'appelle le monde dans les paroles que vous citez, c'est ce que le Sauveur a désigné en ces termes : « Voici venir le prince du monde2 ». Il ne s'agit donc nullement ni du ciel, ni de la terre, ni de tout ce qui a été créé par le Verbe, c'est-à-dire par ce même, Jésus-Christ dont il est écrit : « Le monde a été fait. par lui3 »; le prince de tout cela ce n'est assurément pas le démon. Si nous voulons connaître le monde du démon, écoutons ces autres paroles : « Le monde est placé dans le mal4»; et encore: « Tout ce qui est dans le monde est. concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et ambition du siècle; or; cette concupiscence ne vient pas du Père, mais du monde5 ». Le ciel et la terre viennent assurément du Père par le Verbe ; de même, les anges, les astres, les arbres, les animaux, les hommes viennent du Père par le Fils, du moins quant à la substance même gui en fait des hommes. D'un autre côté, le prince du monde, c'est le démon; le monde a été placé dans le mal, ainsi que les hommes qui naissent tous coupables de la damnation éternelle à laquelle ils n'échappent que par l'intervention du souverain Libérateur. Dès que la grâce de la rédemption leur est appliquée , ils cessent d'appartenir au prince des péchés, rachetés qu'ils sont par ce sang qui a été répandu pour la rémission des péchés. Tel est le prince dont a dit celui qui a vaincu le monde6 : « Voici venir le prince du monde, et il ne trouvera rien en moi »; or, c'est pour ce monde que naissent tous les hommes, jusqu'à ce qu'ils renaissent en celui qui a vaincu le monde et en qui le prince du monde ne saurait rien trouver.