32.
Vous revenez sur ce que vous avez déjà dit; moi-même je vous ai déjà répondu1, et cependant je ne dois pas laisser vos paroles passer sous silence. Vous dites : « Puisque Dieu, sans aucun mérite personnel de leur part, accorde aux enfants la gloire de la régénération, ne nous enseigne-t-il pas clairement que ces enfants sont par là même sa propriété, son droit, l'objet de sa sollicitude, puisqu'il prévient leur volonté par l'abondance ineffable de ses bienfaits ? » Mais voici qu'il refuse cette même faveur à une multitude d'autres enfants qu'il a créés également innocents, purs et à son image; quel crime ont donc commis ces enfants, pour que Dieu refuse de prévenir leur volonté par l'abondance ineffable de ses bienfaits, et qu'il repousse loin. de son royaume ces créatures formées à son image? Si cette exclusion n'est pas pour eux un supplice, ces images de Dieu aussi innocentes que nombreuses n'aimeront donc pas le royaume. de Dieu. Si elles l'aiment, elles l'aimeront autant que des âmes innocentes doivent aimer le royaume de celui qui les a créées à son image; et vous pourriez dire que cette séparation ne sera pas pour elles un tourment? D'ailleurs, placez-les où vous voudrez, dans quel état vous voudrez, sous un Dieu juge qui n'est point l'esclave de la fatalité et ne se laisse nullement corrompre par l'acception des personnes; toujours est-il qu'elles ne goûteront pas les joies de ce royaume, que posséderont ceux qui n'auront également mérité d'aucune manière ni en bien ni en mal. Or, je dis que si ces enfants n'étaient pas coupables de quelque faute, leur cause étant commune avec les autres, ils ne seraient pas exclus de la participation commune à un aussi grand bienfait. Donc, comme nous l'avons souvent répété, à l'occasion de ces vases de colère, Dieu a voulu faire paraître les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde, comme parle l'Apôtre2, de crainte qu'ils ne se glorifient comme si cette gloire ils l'eussent méritée par leurs oeuvres, tandis qu'ils doivent se convaincre qu'ils pouvaient très justement partager le sort de tous ceux dont ils partageaient la mort.
