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Mais vous vous faites de vous-même une trop haute idée, pour vouloir vous. mêler à la foule du peuple. De nouveau vous rejetez la croyance, de ce peuple, dans l'âme duquel vous aviez soufflé contre moi toutes les haines possibles , pour faire contre-poids à l’indignation qu'il nourrissait contre vous. Mais en y réfléchissant quelque peu, vous avez parfaitement compris que tous vos arguments étaient frappés d'une honteuse impuissance, auprès de ce peuple attaché du fond de ses entrailles à la vérité et à l'antiquité de la foi catholique. Froissé de cette cruelle déception, vous vous retournez vers ce .peuple pour lui lancer une parole de mépris, et parcourant les différentes classes dont se compose cette innocente multitude de chrétiens, parmi lesquels vous signalez spécialement ces scolastiques auditeurs », vous leur conseillez de s'écrier contre moi : « O temps, ô mœurs !1 » Et cependant vous redoutez le jugement de cet humble vulgaire, dans les rangs duquel vous avez pu trouver des partisans assez, furibonds pour tenter de m'effrayer par ces paroles de Tullius Cicéron, comme si « je soutenais que dans l'homme les membres générateurs n'ont pas la même origine que tous les autres membres ». Mais je puis leur répondre : M'attribuer ce langage , c'est un infâme mensonge; je condamne la concupiscence, et non pas les membres; je dénonce le vice, et non pas la nature ; cet adversaire qui me calomnie devant vous , ose bien, dans l'Église de Dieu, bravant la majesté de son maître qui est au ciel, faire l'éloge de la concupiscence; s'il était assis parmi les auditeurs, aucun de ses maîtres ne lui proposerait de répéter cet éloge, dans la crainte de blesser profondément votre pudeur naturelle. Enfin, cette foule ne pourrait-elle pas emprunter à Cicéron les paroles qui vous concernent, et vous dire entre autres choses De notre côté se lève la pudeur, du vôtre la pétulance ; la continence est pour nous, « pour vous est la passion2 ».