35.
Mais voici que votre courroux s'enflamme contre je ne sais quels téméraires qui ont osé quitter vos rangs pour embrasser la foi catholique. Toutefois, la meilleure preuve que vous pussiez nous donner de la crainte qu'ils vous inspirent, c'était de n'oser pas nous décliner leurs noms; vous sentiez bien que, vous entendant leur reprocher calomnieusement certains crimes, ils se trouveraient promptement en mesure de vous en reprocher à vous-même, sinon de vrais, du moins de plus probables. Pourtant, quels qu'ils soient, il suffit qu'ils s'inspirent des graves leçons de la sagesse, pour repousser cet indigne moyen de vengeance, et vous pardonner généreusement, selon cette parole de l'Apôtre : « Ne rendez pas le mal pour le mal1 ». Vous, du moins, ne refusez pas d'entendre les conseils de celui à qui vous avez emprunté ce cri. « O temps, ô moeurs ! » Écoutez cet avis qu'il vous donne : « Autant vous êtes pur de toutes les turpitudes humaines », si toutefois vous en êtes pur, « autant vous devez vous défier de la liberté des paroles; ne dites pas contre les autres ce qui vous ferait rougir, s'il et vous était dit contre vous-même ». Vos lecteurs savent que vous tenez contre certains de vos adversaires que je ne connais pas, un langage que nous sommes loin de trouver sur les lèvres de ceux qui, par amour pour la continence, ont renoncé courageusement à l’hérésie pélagienne. Peu m'importe, du reste, à quels ou quelles sont ceux ou celles que vous trompez en leur faisant croire qu'il me serait arrivé de dire que « même dans un corps carié il est impossible d'enchaîner la passion ». Puisque je déclare que cette concupiscence peut et doit être enchaînée, je la regarde donc comme un mal. Celui qui nie de la concupiscence qu'elle soit un mal, qu'il m'explique comment il peut voir un bien dans une passion qu'il faut sans cesse réprimer, parce qu'elle est sans cesse en guerre contre l'esprit. Je dis donc que la concupiscence peut être réprimée, non-seulement pu les vieillards, mais encore par les jeunes gens; et ce qui m'étonne souverainement, c'est que cette passion puisse être louée par des hommes qui aimeraient la continence.
I Pierre, III, 9. ↩
