53.
Vous vous livrez ensuite à une longue discussion sur les différentes qualités du corps, parce qu'il m'était arrivé de prononcer une seule fois ce nom, quand j'avais dit: « La concupiscence n'est point en nous une substance, comme serait un corps ou un esprit; elle n'est qu'une certaine affection d'une mauvaise qualité, comme est, par exemple, la langueur1 ». Ne comprenez. vous donc pas que ces paroles ont une importance capitale ? Vous dites d'abord que « j'ai changé d'opinion et qu'oubliant tout ce que j'avais écrit dans mon livre, j'enseigne formellement que la passion est une substance ». Examinez mon livre autant qu'il vous plaira, je vous défie d'y trouver un seul passage dans lequel j'aie fait de la passion une substance. Certains philosophes ont avancé qu'elle est la partie vicieuse de l'âme; et comme l'âme est une substance, toute partie de l'âme doit être également une substance; Pour moi, je dis de la concupiscence qu'elle est un vice qui souille l'âme ou telle partie de l'âme; de telle sorte que, quand ce vice est guéri, toute la substance est parfaitement saine. Du reste, il me semble que ce n'est que dans un langage figuré, que les philosophes ont pu dire de la passion qu'elle est la partie vicieuse de l'âme, donnant ainsi à la partie le nom du vice dont elle est affectée, comme on se sert souvent du mot maison pour désigner ceux qui l'habitent.
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Du Mariage et de la conc. liv. I, n. 28. ↩