77.
« Mais », dites-vous, « si l'Apôtre avait voulu parler de la transmission même du péché, quelle excellente occasion de nous dire, une fois pour, toutes, que le péché se transmet originairement, parce que tous les hommes sont engendrés dans la volupté des époux; et d'ajouter aussitôt : Le péché se transmet par là même voie par laquelle les a descendants d'Adam sont sortis de sa chair coupable ». Vous ne voyez donc pas que l'on pourrait vous répondre dans les mêmes termes: Si l'Apôtre parlait de l'imitation du péché, quelle excellente occasion de dire que le péché a été transmis, parce que l'exemple du premier gomme a précédé; et d'ajouter aussitôt : Le péché s'est transmis, parce que tous les hommes ont péché à l'imitation du premier homme? Si donc l'Apôtre avait daigné se plier au caprice de vous ou de moi, il aurait parlé de la première ou de la seconde de ces deux manières. Mais comme il n'a emprunté ni vos paroles ni les miennes, voulez-vous que nous en concluions qu'il n'a parlé ni du péché d'origine selon les catholiques, ni du péché d'imitation selon les Pélagiens? Il me semble que vous repoussez cette conclusion. Donc, rejetez ces formules qui peuvent être énoncées avec des raisons égales de part et d'autre, et si, vous voulez, sans aucun parti pris, examiner sérieusement le langage de l'Apôtre, sachez tout d'abord dans quel but il prononçait ces paroles. Vous comprendrez aussitôt qu'il nous parle tee deux hommes bien distincts : par le premier, la colère de Dieu s'est précipitée sur le genre humain , et par le second , Dieu s'est réconcilié gratuitement le genre humain et a brisé l'arrêt de sa condamnation. Le premier, c'est Adam tiré du sein de la terre; le second, c'est Jésus-Christ tiré du sein d'une vierge. Dans le premier, la chair a été faite par le Verbe ; dans le second, le Verbe lui-même s'est fait chair, afin que nous vivions par sa .mort, taudis que, séparés de lui, nous restions dans la mort. «Dieu a fait éclater son amour pour nous, car alors même que nous étions des pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous dans le temps marqué; a maintenant donc que nous sommes justifiés a par son sang, nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu1».
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Rom.V, 3, 9. ↩