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Ecoutez maintenant ce que, dans son livre du Paradis, saint Ambroise nous dit de ces feuilles de palmier dont nos premiers parents se firent un vêtement. «Ce qui est plus grave encore », nous dit-il, «c'est que, selon cette interprétation, Adam se ceignit les reins dans le lieu même où il aurait dû se ceindre du fruit de la chasteté. Ces reins que nous ceignons portent, dit-on, la semence de la génération ; voilà pourquoi les feuilles dont se ceignit Adam lui furent inutiles, car il y scellait, non point le fruit futur de la future génération, mais le péché lui-même1 ». Ce saint docteur pouvait-il réfuter en termes plus clairs et plus explicites cette thèse si péniblement élaborée, dans laquelle vous soutenez que si Adam et Eve se sont voilé les reins, ce n'est ni après leur péché, ni parce que leurs yeux se sont ouverts2 ?
Cette étrange loquacité dont vous avez fait preuve a eu pour résultat unique de choquer le sens commun et d'irriter tous vos lecteurs. En effet, le mot seul de ceinture signifie-t-il autre chose que ce voile jeté autour des reins? En commentant cette parole, notre saint docteur n'avait certes pas en vue d'éclaircir une difficulté, et laissait à chaque chose la signification naturelle que le vulgaire lui donne. «C'est, dit-on, dans ces reins que se forme la semence de la génération; voilà pourquoi », dit-il, «Adam a été mal voilé par ces feuilles inutiles ». Pourquoi a-t-il été mal voilé? Il en donne immédiatement la raison ; parce qu'il y scellait, non pas le fruit futur, mais certains péchés de la future génération ». Avez-vous à cela quelque chose à répondre ? Telle est la cause de cette confusion, de cette ceinture de feuillage, de ce péché originel transmis à la postérité.
