26.
Mais pourquoi ne pas souffrir », suivant les expressions de votre lettre, « que la condition des petits enfants soit comparée à celle des adultes1», quand en croit contre les Pélagiens à l'existence du péché originel, qui est entré dans le monde par un seul homme; quand on ne doute pas que tous aient été condamnés par le fait d'un seul2? Ces dernières maximes sont rejetées également par les Manichéens , lesquels non-seulement dénient toute autorité aux livres de l'Ancien Testament sans exception, mais encore reçoivent les livres du Nouveau de telle sorte que, par un privilège à eux particulier, ou plutôt par un procédé sacrilège, ils en reçoivent certaines parties et en rejettent certaines autres suivant leurs caprices : c'est contre eux que, dans mes livres sur le Libre arbitre, j'ai fait des raisonnements où les Pélagiens prétendent puiser contre nous des arguments sans réplique. Or, en évitant de donner une solution précise à certaines questions incidentes, mais pleines de difficultés, je n'avais d'autre but que de ne pas donner à mon oeuvre une longueur démesurée, alors que l'autorité des divines Ecritures n'était pour moi d'aucun secours contre des adversaires si pervers. Et de quelque côté que fût la vérité, par rapport aux questions sur lesquelles je ne me prononçais pas clairement, je pouvais cependant conclure d'une manière certaine que, dans toute hypothèse, Dieu devait être loué pour toutes ses oeuvres, sans qu'il fût nullement nécessaire de croire , comme les Manichéens, au mélange des deux substances coéternelles du bien et du mal.