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Conséquemment, si les Apôtres et les docteurs de l'Église qui. leur ont succédé et les ont imités, ont tous fait l'une et l'autre chose, c'est-à-dire, s'ils ont prêché avec sincérité que la grâce de Dieu ne nous est pas donnée suivant nos mérites; et si en même temps ils ont travaillé à faire pratiquer avec piété l'obéissance aux préceptes du salut comment nos adversaires, obligés de se rendre intérieurement à la force irrésistible de la vérité, pensent-ils pouvoir nous dire intérieurement avec raison : « Quoique ce que l'on dit de la prédestination des bienfaits de Dieu, soit véritable, il ne faut pas cependant le prêcher aux peuples1 ». Il faut certainement le prêcher, afin que celui qui a des oreilles pour entendre, l'entende2. Mais qui possède ces oreilles, s'il ne les a point reçues de Celui qui dit : « Je leur donnerai un coeur pour me connaître, et des oreilles qui entendront3? » Certes, celui qui ne les a point reçues, peut rejeter ce qu'il entend ; mais celui qui comprend, doit recueillir ces paroles et s'en nourrir, il doit s'en nourrir et y puiser la vie. On doit prêcher la piété, afin que celui qui a des oreilles pour entendre, rende à Dieu le culte qui lui est dû ; on doit prêcher la chasteté, afin que celui qui a des oreilles pour entendre, ne fasse servir ses membres à aucune action déshonnête; on doit prêcher la charité, afin que celui qui a des, oreilles pour entendre, aime Dieu et le prochain ; mais il faut de même aussi prêcher la prédestination des bienfaits de Dieu, afin que celui qui a des oreilles pour entendre, ne se glorifie pas en lui-même, mais dans le Seigneur.