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Surtout quand l'Apôtre dit,: « Nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière; mais l'Esprit lui-même demande pour nous avec des gémissements inénarrables; et celui qui scrute les coeurs, sait ce qui plaît à l'Esprit : car c'est selon Dieu qu'il demande pour les saints1 ? » Que veulent dire ces paroles : « L'Esprit lui-même demande », sinon : L'Esprit fait demander, « avec des gémissements inénarrables », mais sincères, car l'Esprit est vérité ? C'est de lui en effet que l'Apôtre a dit ailleurs : « Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils, lequel Esprit crie : Abba, Père2 ». Ici encore, que signifient ces mots : « L'Esprit crie », sinon : L'Esprit fait crier; par un trope semblable à celui qui nous permet de dire: Un jour heureux, pour : Un jour qui nous rend heureux? Le même Apôtre explique clairement cette vérité, quand il dit en un autre endroit : « Vous n'avez point reçu de nouveau l'Esprit de servitude qui inspire la crainte ; mais vous avez reçu l'Esprit d'adoption des enfants, par lequel nous crions: « Abba, Père3 ». Tout à l'heure il disait : « L'Esprit qui crie » ; ici il dit : « L'esprit par lequel nous crions» ; montrant ainsi en quel sens il a dit : « L'Esprit qui crie », c'est-à-dire, comme je l'ai déjà expliqué, dans le sens de ces mots: L'Esprit qui nous fait crier. Cela nous fait comprendre que c'est encore par un don de Dieu que nous crions vers lui intérieurement et dans la sincérité de notre coeur. Que nos adversaires considèrent donc combien on se trompe, quand on pense que nous avons par nous-mêmes, et sans l'avoir reçu de personne, le pouvoir de demander, de chercher, de frapper; quand on dit que la grâce est précédée par notre mérite, en ce sens qu'elle en est le résultat toutes les fois que nous recevons l'objet de nos demandes, que nous trouvons l'objet de nos recherches et qu'on ouvre à nos efforts; quand, enfin, on ne veut pas comprendre que c'est encore par un bienfait de Dieu, que nous prions, c'est-à-dire, que nous demandons, que nous cherchons et que nous frappons. Car nous avons reçu l'esprit d'adoption des enfants, par lequel nous crions : Abba, Père. Le bienheureux Ambroise l'avait compris, lui aussi. Car il dit4 : « C'est une grâce spirituelle, même de prier Dieu; ainsi qu'il est écrit Personne ne dit : Seigneur Jésus, si ce n'est par le Saint-Esprit5 ».