103.
Jul. Ce résumé concis montre clairement que tu contredis formellement tes propres opinions; après avoir promis de ne point nier le libre arbitre, tu le détruis en enseignant d'abord la nécessité du mal et ensuite la nécessité du bien.
Aug. Tu diras, comme je vois, que Dieu est réduit à une nécessité qui lui ôte le pouvoir de pécher, car assurément il ne peut vouloir et il ne veut point pouvoir pécher. Bien plus, si l'on doit appeler du nom de nécessité l'impuissance oie l'on est de ne pas être ou de ne pas entrer dans telle ou telle condition, c'est par une nécessité mille fois bienheureuse que l'on se trouve dans l'impuissance de ne pas vivre d'une vie de délices et de félicités, dans l'impuissance d'être arraché par la mort à cette vie, dans l'impuissance enfin de déchoir de cet état. Cette nécessité, si l'on doit employer ici le mot de nécessité, n'est pas pour les saines anges un poids qui les accable. mais un bien dont ils jouissent; pour nous, c'est un bien à venir, non pas un bien présent.