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Jul. Enfin, ces âmes se font un bonheur et un plaisir exquis de déclarer que, dans les églises enrichies par la munificence des grands et où se presse une foule nombreuse, on prêche la doctrine que voici : Telle est la puissance du péché, que, avant même la formation des membres, avant la création de Pâme et son union avec le corps, il pénètre, plus rapide que le sang, dans le sein maternel; il flétrit l'innocence de l'enfant que ce sein va porter, de telle sorte que la faute précède la nature pour la souiller dès son origine; cette loi du péché habitant désormais dans les membres de l'homme, réduit celui-ci en esclavage, le contraint à commettre le crime et, par là même, le rend tout à fait digne, non pas de châtiment, mais de miséricorde pour ses actions les plus abominables. Car ce que nous qualifions de vices d'une volonté perverse, est appelé dans l'Eglise, par les hommes, par les femmes et par d'illustres pontifes, une maladie originelle.
Aug. Ambroise, ce pontife illustre qui a reçu les éloges les plus distingués de la bouche même de l'auteur de votre hérésie, te répond ici en ces termes : « Eve enfanta une race coupable, et par là elle transmit, comme héritage aux autres femmes, la nécessité d'enfanter pareillement dans l'état du péché les générations suivantes; de telle sorte que tout homme dont l'origine première remonte à la volupté charnelle, tout homme qui a passé par les voies ordinaires de la génération, qui a été formé du sang humain et qui a été ensuite enveloppé de langes, doit nécessairement subir la contagion du péché, avant de jouir du bienfait même de la respiration[^1] ». Ainsi donc, ô Julien, la nature humaine a besoin d'être guérie par la miséricorde divine: elle ne doit pas, malgré tes vaines déclamations, être louée d'une intégrité qu'elle ne possède pas.
- Liv. du Sacrement de la Régénération, ou de la Philosophie.