27.
Jul. J'ai donc été amené logiquement, afin de mettre tous les hommes instruits d'accord avec moi, à rechercher comment le péché qui est l'oeuvre de la volonté mauvaise et qu'on appelle l'oeuvre du démon, pouvait se trouver dans un enfant : est-ce par un acte de la volonté de celui-ci ? mais l'adversaire même que nous combattons reconnaît que cet enfant n'a pu encore faire usage de sa volonté : est-ce par suite de l'acte conjugal? mais personne ne doute que cet acte ne soit un des devoirs des parents que notre adversaire avait déclarés d'abord ne point commettre de péché quand ils l'accomplissent : ou bien, si notre adversaire regrettait d'avoir fait cette concession, comme la suite de son ouvrage le faisait vair, il devait déclarer coupables les parents dont l'union. préparait ainsi au démon un. pouvoir souverain sur des enfants crées à l'image de Dieu ; et j'ajoutai, pour suivre la gradation commandée par la nature même de la discussion, que proclamer l'exigence du péché originel, c'est proclamer par là même le démon auteur des corps: car, si le mal dont l'humanité est flétrie vient de notre origine, si les droits que le démon possède sur l'homme lui viennent précisément de ce mal, il s'ensuit une le démon est l'auteur des hommes, puisque c'est de lui que naissent les enfants. Notre adversaire avait compris que la conclusion de ces arguments était celle-ci : Donc les partisans de la transmission du péché sont enfermés dans l’antre du manichéisme : c’est pourquoi j’ai tourné la clef et ouvert une issue à ces captifs, en faisant observer à ce même adversaire que s'il regardait les hommes comme ayant été véritablement créés par Dieu, et s'il confessait sincèrement l'innocence des époux, il devait comprendre que l'union de ceux-ci ne pouvait imprimer aux enfants la flétrissure du péché originel. « Assurément », lui ai-je dit, « le péché n'est commis ni par celui qui naît, ni par celui qui a engendré; ni par celui qui a créé : par quelle ouverture supposes-tu que le péché a pu pénétrer dans des âmes dont l'innocence est ainsi protégée ? » Ainsi après trois propositions accordées par mon ennemi, j'en ai établi une quatrième qui renfermait la conclusion suprême : pouvais-je, dites-moi, tenir un langage plus saint, plus vrai, plus lumineux, plus concis et plus solide ? Souvent après une ou deux propositions accordées par l'adversaire, on conclut dans la seconde ou la troisième : en vertu de quelle loi, après avoir obtenu trois concessions semblables, ne me serait-il pas permis de conclure par une quatrième proposition qui est étroitement liée à ces trois prémisses? Au reste, je parle ici des arguments que j'ai établis dans la seconde discussion : car, dans la première, mon adversaire m'accorde cinq propositions ou même un plus grand nombre, qui sont suivies d'une conclusion légitime et inattaquable.
Aug. Vois à quelles divagations sans fin tu te livres, dans la crainte que les paroles de l'Apôtre ne te condamnent aux yeux de ceux dont le jugement n'aurait pas été prévenu par tes interprétations , comme elles t'ont déjà condamné dans un jugement rendu par l'Eglise catholique. Mais accomplis toutes les excursions qu'il te plaira, retarde la difficulté autant que tu voudras; multiplie tes circuits à ton gré et de tous les côtés possibles; à quelque moment que le vaisseau de tes fourberies arrive à ces paroles de l'Apôtre, il est certain qu'il y échouera misérablement.