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Jul. Il est aisé maintenant devoir les conclusions que nous avons établies l'Apôtre a employé le mot tous dans le sens d'un très-grand nombre; et il dit que ce très. grand nombre d'hommes ont été frappés de mort, précisément parce qu'ils ont commis le péché par leur volonté personnelle. Son accusation n'a donc pas pour objet un péché d'origine, mais un péché commis par la volonté ; et en effet, ses paroles n'indiquent pas autre chose, si l'on considère attentivement le sens naturel et propre des mots. Car si, dans la croyance de saint Paul, le péché avait été transmis à la postérité par la voie de la génération, c'est-à-dire si le premier homme avait jeté comme un trait son péché sur ceux qui n'existaient pas au moment où il le commit, l'Apôtre mentirait quand il dit que tous ont péché.
Aug. Je pourrais te dire ici : Comment la postérité d'Adam a-t-elle suivi l'exemple donné par celui-ci au moment où il commit le péché, puisque cette postérité n'existant pas alors, elle ne fut pas témoin de l'acte peccamineux, elle n'entendit point les paroles qui furent prononcées, elle ne crut pas même au récit des témoins? Mais je laisse cette réponse : « Adam a existé, et nous avons tous existé en lui; Adam a péri, et tous ont péri en lui : c'est pourquoi tous meurent en lui[^1] ». Ecoute le langage tout à fait explicite de l'Apôtre; n'écoute pas ton propre verbiage tortueux à l'excès.
- Ambr. Liv. VII sur saint Luc , XV, 24.