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Jul. Si donc on prétend contredire cette maxime, on affirme par là même que Dieu fait précisément ce qu'il a défendu de faire. Car il est plus aisé de nier la loi de Dieu que de la réformer; et quelle que soi! l'impiété d'une telle négation, cette réforme serait encore plus impie et plus absurde. Si, des deux préceptes de cette loi, tu respectes profondément le premier, et que le second n'obtienne que tes imprécations, tu es contraint, par celai même que tu reçois, et malgré ton ingratitude, à te soumettre à celui que tu rejettes; l'excellence de celui qui obtient ton affection justifie celui que tu avais en horreur ; et l'on ne peut, sans une inconséquence manifeste, croire qu'on respecte profondément une loi, quand on ose attaquer une partie de cette loi. D'où il suit que l'on pourrait avec plus de raison nier la loi tout entière que la réformer ; mais personne , excepté ceux que leur impiété a complètement aveuglés, n'essaiera de faire cette réforme; aussi les hommes vraiment pieux et éclairés la reçoivent et la vénèrent dans toutes ses parties. Et certes, que la conviction de personne ne soit ébranlée à cet égard, parce que l'on voit que les rites relatifs aux sacrifices anciens ont été abolis à l'époque où le Nouveau Testament a été promulgué. Car, il n'en est pas de la vertu comme des victimes immolées ; les commandements de la loi sont irrévocables, tandis que les sacrifices ne devaient durer que pendant un certain temps. Quoique à la venue de Jésus-Christ, dont les victimes anciennes étaient autant de figures, les prescriptions légales aient reçu, non pas leur condamnation, mais leur dernier accomplissement. Nulle part, en effet, on ne voit que ces prescriptions aient été observées au temps du Messie; le sacrifice parfait, dont les sacrifices anciens avaient pour objet d'annoncer et de figurer l'oblation, ayant alors commencé d’être offert, les autres cessèrent.
Aug. Quel rapport ces faits ont-ils avec l'objet de notre discussion ? Dieu a dit qu'il vengerait sur les enfants les péchés, et non pas les sacrifices de leurs pères; et quoique les parents eux-mêmes puissent imiter la perversité de leurs enfants, Dieu n'a jamais dit : Je vengerai sur les parents les iniquités de leurs enfants; mais en quelque endroit que Dieu lit parlé de cette sorte de vengeance (car il en a parlé en une multitude d'endroits[^1] ), il a dit constamment qu'il vengerait sur les enfants les iniquités de leurs pères; or, en s'exprimant ainsi, il montre clairement que les crimes qu'il poursuit ont été transmis par la voie de la génération, et non point par voie d'imitation.
- Deut V, 9 ; Nomb. XIV, 18 ; Exod. XX, 5 ; XXIV, 7; Jérém. XXXII, 18.
