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Jul. Tu déclares ailleurs que celui qui accomplit licitement l'oeuvre de la «concupiscence, fait un bon usage d'une chose mauvaise[^2] », afin de rappeler à l'esprit du lecteur ces paroles de l'Apôtre : «Le bien ne se trouve pas dans ma chair », et de persuader à ce même lecteur que ce non-bien, c'est-à-dire ce mal réel qui se trouve dans la chair de l'Apôtre , n'est' pas différent de la concupiscence charnelle ; or, Manès ne s'exprimait pas autrement que toi à ce sujet. Car, après avoir dit : « Comme s'ils craignaient que leurs oeuvres ne fussent dévoilées aux regards humains », il ajoute : « C'est pourquoi l'Apôtre s'écrie dans son épître aux Romains : Je ne fais pas le bien que je veux ; et je fais, au contraire, le mal que j'ai en horreur : saint Paul se plaint, dit-il, de ce que le péché, c'est-à-dire le mal, l'asservit à toutes les lois de la concupiscence. La loi divine elle-même nous apprend que cette concupiscence est mauvaise, puis que cette loi condamne toutes les oeuvres dont la concupiscence a été le principe et qui obtiennent l'admiration et les éloges, de la chair » .
Aug. Est-ce que l'Apôtre condamne toutes les oeuvres de la concupiscence charnelle, lorsqu'il dit : « Si tu épouses une femme, tu ne pèches point; et si une fille se marie, elle ne pèche point non plus[^3] ? » Manès donc ne sait pas ce qu'il dit. Mais toi-même tu ne comprends pas davantage tes propres paroles, quand tu prétends que, dans ce passage de l'épître aux Romains, saint Paul a désigné autre alose que la concupiscence de la chair ; car l'apôtre saint Jean nous déclare à son tour que cette concupiscence ne vient pas de Dieu, mais du monde[^1] : et l'un des docteurs catholiques les plus illustres a appris et enseigné ensuite dans le sein de l'Eglise catholique que, si la concupiscence fait naître dans la chair des désirs opposés aux désirs de l'esprit, c'est par suite de la prévarication du premier homme[^4].
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Id. liv. II, ch. XXI.
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I Cor. VII, 28.
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I Jean, II, 16.
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Ambr. Liv. VII sur saint Luc, XII.