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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE TROISIÈME. LE TROISIÈME LIVRE DE JULIEN.

187.

Jul. Il poursuit ses attaques contre Mous et ajoute : « Ils ont eu, malgré le témoignage des évangiles et des écrits des Apôtres dont ils font une lecture aussi stérile qu'assidue, ils ont eu l'audace de prétendre que cette concupiscence est bonne en elle-même : aussi, vois », dit-il, « vois leurs saints dormant à côté de leurs filles ou vivant avec plusieurs concubines et plusieurs épouses à la fois. Ils ont oublié ces paroles de l'Apôtre : Quelle société peut-il exister entre la lumière et les ténèbres,entre le fidèle et l'infidèle, entre le Christ et Bélial[^1] ? Ils errent comme une troupe rassemblée par l'obscurité des vapeurs épaisses que répand autour d'eux la concupiscence, et les savourent tellement la douceur de cette atmosphère pestilentielle, qu'ils perdent tout à fait l'usage de la raison et se persuadent que Dieu leur a permis d'agir ainsi; comme s'ils ignoraient que l'Apôtre a écrit : La pudeur ne permet pas même de dire ce qu'ils font dans les ténèbres[^2] ». Tu vois en quel style Manès plaide la cause de la pudeur et par quels arguments il prétend nous confondre, nous qui n'osons pas qualifier de mauvaise une chose sur laquelle nous reconnaissons cependant que la pudeur prescrit de jeter un voile. Tu n'as donc pas eu besoin de tisser un vêtement pour couvrir la difformité de ta doctrine : ce vêtement existait , et quelques langes t'ont suffi pour revêtir les maximes ajoutées par toi à celles de Manès, ton père et ton maître. Celui-ci continue à s'élever contre nous, et nous apostrophant fièrement . « Courage », s'écrie-t-il, « ô toi défenseur de la concupiscence ; énumère hautement et en des termes précis, les fruits et les œuvres de ta cliente. Je me suis levé pour porter contre elle un acte d'accusation, parce que je ne crains point la lumière; tandis qu'elle-même la redoute par-dessus tout et la poursuit d'une haine implacable. Car quiconque fait le mal, hait la lumière et ne s'approche point de la lumière, de peur que ses œuvres ne soient révélées[^3]. Vois-tu que la concupiscence est l'origine du mal, puisque c'est par elle que ces âmes malheureuses se trouvent asservies, malgré les résistances de leur propre volonté, à cette passion déréglée, la seule qui nous fasse agir malgré nous? » Cette pensée de Manès t'a inspiré à toi-même les paroles qui suivent : « D'où vient », dis-tu, « qu'il a été donné à l'homme de mouvoir librement ses lèvres, sa langue, ses mains, son dos, sa tête, son corps tout entier, suivant que l'exigent les œuvres qu'il se propose d'accomplir; tandis que, s'il s'agit de procréer des enfants, les organes destinés à l'accomplissement de cette oeuvre, n'obéissent plus à la volonté; il faut alors attendre que la passion vienne les faire agir comme des esclaves qui ne relèvent que d'elle seule et à qui elle impose tantôt des lois conformes, et tantôt des lois contraires à la volonté[^4]? » Tu énumères les diverses fonctions des membres du corps humain, et après avoir déclaré qu'ils sont tous, soumis à l'empire de la volonté, lu ajoutes que la seule passion charnelle nous fait agir malgré, nous. Or, comment s'exprime Manès ? Vois-tu », dit-il, « que la concupiscence est l'origine du mal, puisque par elle ces âmes malheureuses se trouvent asservies, malgré les résistances de leur volonté propre, aux lois de celle a passion charnelle, qui seule nous fait agir malgré nous? » Mais voyons ce qu'il ajoute ensuite : « Enfin », dit-il, « tous les autres péchés sont extérieurs au corps , parce qu'ils ne durent qu'un moment : celui au contraire qui commet la fornication, pèche contre son propre corps[^5]. Car tous les autres péchés, tant qu'ils n'ont pas été commis, n'existent pas ; et quand ils ont été commis, ils ne subsistent plus que par le souvenir qui en reste: la concupiscence, au contraire, est un mal naturel qui existe avant que l'homme en ait accompli les oeuvres; qui s'aggrave par le fait même qu'il se traduit ainsi en actes, et qui subsiste ensuite d'une manière visible et permanente ». Pourquoi donc nous fais-tu un reproche de ce que nous t'appelons disciple de Manès; puisque l'on trouve dans tes livres une doctrine et un langage absolument conformes à la doctrine et au langage de Manès ? Quant à cette maxime que l'on entend fréquemment répéter par les gens du peuple, à qui cependant elle a été enseignée par vous: « S'il n'existe pas un péché naturel, pourquoi baptise-t-on les petits enfants qui, sans aucun doute, a n'ont commis aucune faute personnelle? » cette maxime, dis-je, se trouve dans cette même lettre de Manès. J'ai dit qu'elle est répétée par une multitude de personnes , parce que l'on a suggéré à ce qu'il y a de plus ignorant parmi le peuple un argument plus suranné encore, bien que toi-même dans tes livres tu fasses reposer sur lui toute ton espérance. Ton maître donc a exposé le premier cet argument en ces termes : « Je leur adresserai cette question: S'il n'existe d'autre péché que ceux que l'on commet actuellement, pourquoi purifie-t-on par l'eau ceux qui n'ont encore pu se rendre coupables d'aucune faute personnelle? Et s'il est incontestable que l'enfant qui n'a encore commis aucune action mauvaise, doit être ainsi purifié, j'ai le droit de conclure que, d'après le témoignage même de ceux à qui a l'égarement de leur esprit ne permet pas de comprendre ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirmaient , les hommes naissent d'une source mauvaise naturellement[^6] ». Entends-tu les injures qu'il nous adresse? Il nous traite d'insensés, d'hommes qui ne comprennent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirment , parce que , d'une part , nous nions que les hommes naissent d'une source mauvaise et que, d'autre part cependant , nous baptisons et purifions avec l'eau des hommes qui n'ont commis aucun mal, c'est-à-dire les enfants. Certes, je viens de citer bien des passages de cette lettre : mais si elle ne portait le nom de Manès, qui y prend aussi le titre d'apôtre de Jésus-Christ[^7], et celui de Hénoch, sa fille, on ne croirait pas pouvoir l'attribuer à d'autre qu'à toi-même. Comment donc, puisque tu ne fais pas autre chose que répéter ce que tu as appris dans les livres de Manès, comment espères-tu être préféré dans l'estime des catholiques à celui par qui tu as été imbu de cette doctrine?

Aug. Tu as donc fini de puiser des arguments contre nous dans cette lettre de Manès que tu te félicites d'avoir découverte par le secours des prières de ton collègue Flore. Sans aucun doute, Manès dans cette lettre qualifie de mauvaise là concupiscence charnelle par suite de laquelle la chair a des désirs opposés à ceux de l'esprit ; mais il croit devoir contredire le langage des catholiques au sujet de cette même concupiscence, parce qu'il suppose que ceux-ci la qualifient de bonne, quand ils enseignent, conformément à la saine doctrine du Seigneur et des Apôtres, que le mariage est bon en lui-même. Comment, en effet, Manès pourrait-il distinguer ce qui est bon dans le mariage de ce qui est mauvais dans la concupiscence, puisque, suivant le témoignage de saint Paul dans son épître aux Hébreux, la nourriture solide est pour ceux-là seulement dont l'esprit s'est accoutumé par un long exercice à discerner le bien du mal[^8]? Mais toi-même tu as été atteint fatalement par ce trait que Manès avait cru lancer contre nous; car tu loues sans aucune réserve la concupiscence de la chair; tu la places dans le paradis, c'est-à-dire, dans le séjour de la félicité la plus pure, non pas telle qu'elle aurait pu y résider, si elle avait dû y résider, mais telle absolument qu'elle existe aujourd'hui; suivant toi, les habitants de ce séjour auraient joui d'une paix bienheureuse, mais ils n'auraient pas été dispensés pour cela de soutenir une guerre intérieure et de lutter énergiquement contre les mouvements de la concupiscence, pour ne pas se laisser entraîner à des actions criminelles et déshonorantes. Certes, un tel mal ne pourrait exister dans un paradis autre que le paradis créé par l'imagination d'un peintre, comme nous avons dit précédemment, et qui porterait cette inscription : Paradis des Pélagiens[^9]. Sans doute, l'art du peintre le plus habile serait impuissant pour exprimer les mouvements secrets et les sollicitations par lesquelles la concupiscence cherche à séduire les cœurs chastes; maison pourrait du moins représenter des femmes enceintes, repoussant avec un sentiment de dégoût des aliments qui leur seraient utiles, dévorant avec une avidité tout à fait inconvenante d'autres aliments qui leur seraient nuisibles; éprouvant des nausées, des vomissements, des défaillances; délivrées parfois avant le temps, et, lors même que leur délivrance s'accomplit régulièrement, attestant par leurs cris le malheur de leur condition et les souffrances qu'elles endurent par suite de la sentence prononcée contre Eve leur mère (car, si la peinture est nécessairement muette, elle peut du moins reproduire avec plus ou moins de perfection les traits et l'aspect d'une personne qui souffre, qui pousse des gémissements et des cris lamentables) : on pourrait enfin représenter tous les nouveau-nés pleurant en vertu d'une loi fatalement commune à leur âge, quoique éprouvés par des souffrances diverses; et un grand nombre d'entre eux pleurant ensuite sous les coups de leurs maîtres. Quiconque, après avoir examiné ce tableau et en avoir lu l'inscription, s'adresserait à vous pour savoir quel est le sujet ainsi représenté, recevrait cette explication merveilleuse Telle aurait été, même dans le paradis, la condition du genre humain; car notre condition n'est pas,différente aujourd'hui de ce qu'elle était alors, puisque aujourd'hui pas plus qu'alors les enfants ne contractent aucune souillure originelle. Si cet homme se rangeait à ce dernier avis, il deviendrait par là même Pélagien ; si au contraire il refusait d'accepter cette explication insensée et ridicule , il serait qualifié par vous du nom odieux de Manichéen. Mais, ô saint évêque de Dieu, Ambroise, toi qui après avoir été instruit dans le sein de l'Église, es devenu un des plus illustres docteurs de cette même, Eglise, viens mettre fin à ces débats; dis à nos adversaires que la nature humaine bonne en elle-même et créée par un Dieu bon, a été assujettie, non point par suite de son union avec une autre nature, suivant la doctrine insensée de Manès, mais par suite de la prévarication du premier homme, à cette concupiscence qui fait naître dans la chair des désirs opposés à ceux de l'esprit et au sujet de laquelle cet hérétique s'exprime en des ternies qu'il ne comprend pas lui-même et qui ne sont pas autre chose qu'un piège grossier tendu aux ignorants[^10]. Peut-être cependant que votre opiniâtreté impudente vous déterminera à prêter votre appui à la doctrine impure du manichéisme, plutôt que d'acquiescer aux saintes paroles d'Ambroise. Comme il vous plaira, mais Malles ne pourra pas même se féliciter d'avoir trouvé en vous cet appui car, au nom et par la puissance de Jésus-Christ, Ambroise, armé des principes de la foi catholique, triomphera de Manès et de vous en même temps. En effet, si cette concupiscence, au lieu de s'ériger en souveraine et de violenter par ses mouvements charnels la volonté de l'homme, était constamment soumise aux libres déterminations de celle-ci; il est hors de doute que Manès ne trouverait en elle aucun sujet de blâme légitime; que personne d'entre nous ne soutiendrait que les époux ont pu y être assujettis dans le paradis; qu'Ambroise lui-même ne dirait pas que nous y sommes assujettis par suite de la prévarication du premier homme, car il ne verrait pas les désirs de la chair s'élever contre les désirs de l'esprit: Mais puisque telle est aujourd'hui la condition de la concupiscence, qu'elle s'élève contre l'esprit, bien qu'elle ne triomphe pas toujours des résistances de celui-ci; d'où il suit qu'elle ne pouvait exister telle qu'elle est aujourd'hui, dans ce paradis dont les heureux habitants jouissaient d'une paix inaltérable; puisqu'enfin ce serait une impiété de croire que la nature divine est corruptible par suite de son union avec une nature mauvaise . il ne reste plus qu'à reconnaître le triomphe de la foi d'Ambroise touchant la transmission du premier péché, sur la doctrine des Manichéens et sur la vôtre.

  1. II Cor. VI, 14, 15.

  2. Ephés. V, 12.

  3. Jean, III, 20.

  4. Du Mariage et de la Conc., liv. I, n.8.

  5. I Cor. VI,18.

  6. Lettre de Manès.

  7. Ci-dessus, chap. CLXXII.

  8. Hébr. V, 14.

  9. Voir ci-dessus, chap. CLIV.

. Livre VII sur saint Luc, XII.

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Contre la seconde réponse de Julien

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