189.
Jul. Remarque donc les conséquences que l'on peut tirer de ces principes il s'ensuit, en effet, que l'on peut faire l'éloge de la nature humaine, sans être obligé pour cela de nier l'existence et l'efficacité de la grâce; bien plus, affirmer la puissance de la grâce et faire l'éloge de la nature humaine, sont deux choses si étroitement liées ensemble que l'une ne saurait jamais aller sans l'autre; jeter le blâme sur la nature, c'est nier la grâce par le fait même; et faire l'éloge de celle-ci, c'est rendre hommage à celle-là car il y a ici une réciprocité rigoureuse et absolue. Tu as donc raison de dire : « Si la nature humaine était une chose essentiellement mauvaise, elle ne devrait pas être sauvée » ; les Manichéens enseignent en effet que la nature de la chair étant mauvaise, ne peut, ni ne doit être sauvée par la grâce.
Aug. Mais les Manichéens enseignent que la nature de la chair est mauvaise en ce sens qu'elle est une chose essentiellement mauvaise, non pas en ce sens qu'il y a quelque chose de mauvais en elle; car ils ne considèrent pas le vice comme étant l'accident d'une substance , mais comme étant lui-même une substance particulière.