193.
Jul. Si au contraire on prouve qu'il n'y a rien de mauvais dans cette nature et qu'elle est bonne, il s'ensuit que le mal ne saurait naître d'elle et qu'elle n'est point mauvaise naturellement. Ton argument se trouve donc sans valeur aucune : car la proposition énoncée par toi en second lieu n'est qu'une répétition de la première, et les deux hypothèses n'en font qu'une seule en réalité.
Aug. Parce qu'on démontre que la nature est bonne, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'il n'y a rien de mauvais en elle. En effet, la même nature est à la fois bonne en tant que nature, et mauvaise en tant que nature flétrie, si elle a été flétrie : et cependant aucune nature, quelque nom qu'elle porte, n'est mauvaise essentiellement. Il ne se trouve donc pas sans valeur aucune, l'argument que j'ai établi en ces termes : « Si la nature humaine était mauvaise essentiellement, celle ne devrait pas être sauvée; s'il n'y a avait rien de mauvais en elle, elle ne devrait pas non plus être sauvée ». Mais si tu veux parler le langage de la vérité , dis plutôt que toi-même tu n'as trouvé aucun argument sérieux à opposer à mon dilemme.