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Jul. Et par là même, l'économie divine du mystère de la Rédemption, non moins que la sublime majesté du Créateur du genre humain, attestent qu'il n'existe aucun péché dans la nature.
Aug. Comment peux-tu écrire des paroles aussi téméraires que celles-ci : « Il n'existe aucun péché dans la nature? » comme si le péché pouvait exister en dehors de la nature, soit qu'il ait été contracté dès le premier instant de l'existence, soit qu'il ait été commis par la volonté de celui qui en est coupable. Qu'il s'agisse du péché d'un ange, ou du péché d'un homme, il est manifeste que ce péché existe dans cet ange, ou dans cet homme: or, à moins d'avoir perdu tout à fait le sens commun, qui oserait nier que le mot homme ou le mot ange désigne une nature humaine ou une nature angélique ?Aussi bien, que signifient ces autres paroles que tu n'as pu écrire sans avoir fermé complètement tes yeux à la lumière de la raison ? Comment, je te prie, as-tu osé écrire ces mots : « La concupiscence elle-même n'est pas un péché ? » Ne vois-tu pas que ta doctrine est ici en contradiction avec celle de l'Apôtre ? Saint Paul, en effet, nous apprend d'une manière assez explicite que la concupiscence est un péché, quand il dit : « Je n'ai connu le péché que par la loi: car je n'aurais point connu la concupiscence, si la loi n'avait dit : Tu n'auras point de mauvais désirs[^1] ». Quoi de plus manifeste que ces paroles de l'Apôtre, quoi de plus vain que tes propres paroles?
- Rom. VIII, 7.