77.
Jul. Tu aurais ainsi posé en termes explicites un principe que tu n'aurais pu, à moins d'être impudent à l'excès, contredire ultérieurement; et si ton langage n'avait pas toujours été d'accord avec lui-même, il aurait pu du moins paraître, quoique d'une manière tardive, plus conforme à la vérité. Mais voici que tu m'accuses de mensonge , moi qui prouve par tes paroles mêmes la réalité de ce qui fait le sujet de more objection ; et toi-même aussitôt tu mens en donnant ce que tu regardes comme un argument en faveur de ta doctrine. Tu dis en effet : « Nous ne nions point le libre arbitre » ; et tu ajoutes ensuite ce témoignage de l'Evangile : « Mais si le Fils vous délivre, dit la Vérité, alors vous serez véritablement libres[^2] ». II est certain qu'en s'exprimant ainsi en cet endroit Notre-Seigneur Jésus-Christ ne parlait point du libre arbitre. Mais avant de donner l'interprétation de ce texte, arrêtons-nous un instant pour bien préciser, à l'aide de définitions et de divisions, en quoi notre opinion et la vôtre diffèrent l'une de l'autre. Car, suivant la doctrine unanime des savants, toute discussion doit commencer par une définition.
Aug. Les Apôtres n'étaient donc pas instruits, puisqu'ils ne commençaient point leurs discussions par une définition? Et cependant ils étaient, les docteurs des nations et ils n'avaient que du mépris pour ces docteurs dont tu te glorifies avec joie d'être le disciple. Quant à ces paroles du Seigneur : « Si le Fils vous délivre, alors vous serez véritablement Libres », tu t'efforceras sans doute de les interpréter dans le sens de ton opinion: mais, dès les premiers efforts que tu feras, on verra clairement combien elles sont loin d'être favorables à ta doctrine.
- Jean, VIII, 36.