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Jul. De même aussi quand un homme, se proposant au contraire de faire le mal pour nuire aux autres, commet un acte d'injustice ou de cruauté; l'action par laquelle il nuit ainsi aux autres, est produite extérieurement par la méchanceté qui a été elle-même engendrée et produite à l'intérieur par la volonté mauvaise : mais quand l'homme est privé du pouvoir sans lequel la force de la volonté intérieure ne saurait se traduire en actes à l'égard du prochain, ce qui constitue l'essence de la bienveillance ou de la méchanceté se trouve néanmoins accompli dans la seule volonté, laquelle a fait alors une chose bonne ou mauvaise, non point par un mouvement aveugle et rapide, mais par une pensée et par un désir véritables.
Aug. Tu comprends que la volonté peut même par la pensée seule accomplir ce qui fait l'essence de la bienveillance ou de la méchanceté : si tu comprends pareillement que l'Apôtre parle des pensées bonnes et saintes, quand il dit que nous ne sommes pas capables de former une pensée comme de nous-mêmes, mais que notre capacité à cet égard vient de Dieu, tu pourras revenir à de meilleurs sentiments et recevoir avec humilité la grâce dont ton orgueil te rend l'ennemi, quand tu prétends qu'elle réside dans ceux qui se confient en leur propre force[^2], et non pas dans ceux qui disent : « Je vous aimerai, a Seigneur, vous qui êtes ma force[^3] ».
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Ps. XLVIII, 7.
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Id, XVII, 2.