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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

20.

Julien. Quel parasite a vanté par ses flatteries les forces d'un glorieux soldat, comme le Traducien l'a fait pour le diable? Ce que l'on peut reconnaître à la mesure des sentiments. Quand Dieu fit l'homme, il daigna pétrir cette matière limoneuse qui dut prendre la forme de l'homme sous la main du Créateur. Il y avait donc là, tout formé, un simulacre d'ailleurs pâle et froids, recouvrant l'esprit qui devait lui donner la forcé et la beauté. Alors, au souffle auguste de son auteur, l'âme créée et pleine de vie se répandit dans les entrailles qui s'émurent : alors tous les sens s'éveillèrent pour leurs fonctions. Et ce nouvel habitant donna tout en entrant, aux entrailles la chaleur, au sang la couleur, aux membres la vigueur, à la peau la blancheur. Vois quelle tâche se donna la divine Miséricorde pour former l'homme; et même après l'avoir fait, Dieu, dans sa tendresse, ne l'abandonna point : le voilà placé dans un lieu de délices, enrichi par les dons du Créateur. Non content de l'avoir ainsi comblé, Dieu lui fit l'honneur de s'entretenir avec lui et lui donna un précepte afin qu'il comprît sa liberté et vit par quel moyen il pourrait se concilier la bienveillance de son Créateur: précepte peu étendu, afin que l'homme ne fût point surchargé par une loi trop détaillée; un seul fruit défendu devait mettre sa piété à l'épreuve. Ensuite, pour lui donner une compagne qui le rendît père, la noble main qui l'avait créé le toucha de nouveau ; il eut la faveur d'un nouveau colloque avec Dieu. Or tous ces biens qui lui viennent de Dieu, biens si prolongés, si nombreux, si grands : création, faveurs, préceptes, entretiens, n'imposèrent point à l'homme la nécessité du bien; ruais le diable, qui se trouve dans ces lieux, avec non moins de timidité que de ruse, échange avec la femme! quelques paroles assez courtes, lesquelles, néanmoins, ont la force de changer les dons de la nature, et même de détruire tous les biens de leur création, de les mettre sous l'empire de la nécessité du mal, de faire de cette image de Dieu dans l'esclavage, la possession de Satan. Quoi de plus fort, de plus excellent, de plus grandiose, que ce pouvoir de Satan, si la moindre conversation lui suffit pour faire ce que Dieu n'a pu obtenir par ses oeuvres, ni par ses faveurs? Il devient évident que vous plaidez en faveur de celui dont vous exagérez si fort la puissance, et que vous êtes loin d'être d'accord avec nous sur le culte d'un Dieu dont nous proclamons la souveraine justice et la souveraine puissance, qui est puissant et environné de vérité[^5], qui humilie comme en le blessant, l'orgueilleux, c'est-à-dire le diable et 1e Manichéen, et vous ses disciples, qui calomniez la nature pour ne.point avouer que vous péchez spontanément. Notre Dieu, donc, par la force de son bras, dispersé ses ennemis, et ni vous ni les Manichéens, n'avez rien pu alléguer qui ne se brisât sous la foudre de sa vérité.

Augustin. Nous ne sommes point les flatteurs du diable, dont la puissance est subordonnée à celle de Dieu, et nous ne poussons point l'adulation jusqu'à chanter.son pouvoir, comme tu nous en fais le reproche. Plût à Dieu que ni vous, ni tous les hérétiques, n'en fussiez point les soldats, vous dont il répand les dogmes par vos langues comme autant de traits mortels. L'Apôtre a dit : « Rendons: grâces à Dieu qui, en nous éclairant de sa lumière, nous a rendus dignes d'avoir part au sort et à l'héritage des saints, qui nous a arrachés de la puissance des ténèbres, pour nous transférer dans le royaume de son Fils bien-aimé[^1] » ; et vous nous empêchez de rendre ces actions de grâces pour les petits enfants, puisque vous soutenez qu'ils ne sont point sous la puissance du diable; et pourquoi, sinon pour qu'ils n'en soient point arrachés, ni l'apanage du diable diminué ? Et Jésus qui, par ce même nom qui est le sien, a sauvé son peuple de ses péchés, Jésus dit : « Nul n'entre dans la maison du fort, pour lui enlever ce qu'il possède , sans avoir auparavant lié le fort[^2] »; et vous, dans ce peuple du Christ, qu'il a délivré de ses péchés, vous prétendez qu'il n'y a point de petits enfants , et vous ne voulez point qu'ils soient liés de leurs propres péchés comme du péché d'origine : vos discours mensongers diminuent la puissance de Celui que la vérité appelle fort, et votre hérésie le fait trop fort pour délivrer les petits enfants. Jésus dit: « Le Fils de l'homme est venu chercher ce qui avait péri[^3] » , et vous lui répondez . Il n'est point nécessaire de chercher les petits enfants, parce qu'ils n'ont point péri ; et ainsi vous éloignez d'eux les soins du Sauveur, pour les exposer davantage aux meurtrissures du démon. Jésus dit : « Ceux qui sont en santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui sont malades; je ne suis point venu appeler les justes, mais les pécheurs[^4] » ; et vous lui dites : Vous n'êtes point nécessaire pour les petits, qui ne sont pécheurs ni par leur volonté propre, ni par leur origine humaine. Ainsi donc, en détournant ceux qui n'ont point la santé de la venir chercher près du médecin, vous les exposez doublement à la tyrannie mortelle du diable. Combien serait-il donc plus facile de supporter en vous, des parasites chantant, dans leurs adulations, les louanges du diable , que des spadassins ou des satellites secondant son oeuvre par de fausses doctrines !

Tu nous racontes longuement et dans un style pompeux, comment Dieu forma l'homme du limon de la terre, l'animal de son souffle, lui fit don du paradis, l'avertit par un précepte, et prit tellement soin de ne lui être à charge en aucune manière, qu'il n'étendit point ce précepte, pour ne point faire peser les détails d'une loi sur l'homme qu'il avait fait avec tant de bonté. Pourquoi donc aujourd'hui le poids de ce, corps corruptible qui appesantit l'âme[^6] ? Pourquoi ce joug si lourd qui pèse sur les enfants d'Adam depuis leur sortie du sein de leur mère[^7], puisque Dieu ne voulut point surcharger Adam d'une loi trop multipliée ?Vous voyez dès lors, que si nul n'eût péché dans le paradis, la fécondité des premiers époux eût rempli du genre humain ce lieu d'une si grande félicité, de telle sorte que le corps corruptible n'appesantirait point l'âme, qu'un joug si lourd ne pèserait point sur les hommes dès leur naissance, que les petits enfants ne seraient point en butte à la fatigue et à la douleur. D'où viennent toutes ces peines qu'on ne saurait attribuer à je ne sais quelle nature mauvaise, comme l'imagine ou le croit le Manichéen, nature étrangère et néanmoins mélangée à la nôtre ; d'où viennent-ils, sinon de notre nature viciée par la faute du premier homme? Mais toi, homme ingénieux et prudent, Lu t'étonnes et tu ne saurais croire que deux ou trois paroles du diable, échangées avec la femme, aient eu assez de puissance pour ruiner tous les biens de la nature , comme si c'était là le résultat de ces mêmes paroles et non du consentement de celle qui les écoutait; mais c'est l'homme qui a volontairement perdu ce bien, qu'on ne saurait recouvrer par la volonté de l'homme, ruais par celle de Dieu, qui seul, dans sa souveraine justice, dans sa souveraine puissance, dans son infinie miséricorde, jugera s'il est bien de le rendre et à qui il est bon de le rendre : de même que dans le corps, nous l'avons dit déjà, l'homme peut volontairement se priver de la vue; qu'il le fasse, il en résulte la cécité , qu'il faudra nécessairement souffrir sans que la volonté la puisse emporter; ainsi dans l'esprit l'homme peut volontairement perdre l'innocence, et non la recouvrer volontairement. Vois plutôt que ces misères avec lesquelles naissent les hommes, et qui ne leur eussent pas été transmises par la génération dans la félicité du paradis, ils ne les auraient pas même aujourd'hui en héritage, si la nature ne fût pas sortie viciée du paradis. Voilà de l'évidence, ouvre les yeux; Car les misères des mortels enfants d'Adam, depuis leur sortie du sein de leur mère, ne sont point pour nous de ténébreuses conjectures, nous les voyons bien clairement. Et comme elles ne viennent pas du mélange d'une nature mauvaise et étrangère , elles viennent, sans aucun doute, de la dépravation de notre nature. Garde-toi de voir une indignité dans l'assujettissement de la créature de Dieu au diable ; il n'en serait pas de la sorte si le jugement de Dieu pouvait éluder cette damnation autrement que par la grâce de Dieu. Bien que l'homme, par l'excellence de sa nature, soit l'image de.Dieu, créé à la ressemblance de Dieu, il n'est pas étonnant que, par la dépravation de sa nature, il devienne semblable à la vanité, ni que ses jours s'écoulent comme l'ombre; mais toi, dis-nous pourquoi ces innombrables images de Dieu, qui ne pèchent point dans leur tendre enfance , ne sont admises dans le royaume de Dieu qu'à la condition de renaître. Il y a en elles quelque chose qui leur mérite le joug du diable, qui les rend indignes de régner avec Dieu, dont la lumière, si tu en jouissais, te préserverait de comparer avec tant d'arrogance tes paroles à la foudre.

  1. Ps. LXXXVIII, 9.

  2. Coloss. I, 12.

  3. Matth. XII, 29.

  4. Luc, XIX, 10.

  5. Marc, II, 17.

  6. Sap, IX, 15.

  7. Eccli. XL, 1.

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Contre la seconde réponse de Julien

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