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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

30.

Julien. Je suis loin de vouloir attaquer ceux qui pensent qu'Adam aurait pu obtenir l'immortalité à titre de récompense, s'il s'était montré obéissant aux ordres de Dieu ; car nos Livres nous apprennent qu'Enoch et Elie ont été transportés au sein de cette immortalité, pour ne pas voir la mort; mais autres sont les lois de la nature, autres sont les récompenses de l'obéissance. Les mérites d'un seul homme ne seront jamais assez grands pour bouleverser les lois générales de la nature : la condition mortelle du premier homme, qui fut sa propriété native, eût donc passé à tous ses descendants, lors même qu'il aurait été transféré du temps à l'éternité. Ce n'est point là une conjecture à dédaigner; mais un fait appuyé sur un exemple, puisque les enfants d'Enoch n'ont pu être affranchis de leur condition mortelle par la condition d'immortalité faite à leur père. Il ne faut pas s'imaginer que tous les justes, sinon les pécheurs , pourraient acquérir l'immortalité sans passer d'abord par la dissolution de leur corps: car Abel, le premier des justes, Noé; Abraham, Isaac et Jacob, et toutes les légions de saints qu'ont fournies l'Ancien et le Nouveau Testament, nous ont fait connaître leur mérite par leurs vertus, et leur condition naturelle par leur mort. La chose est absolument positive : Jésus-Christ en a consacré la réalité par l'autorité de sa parole. Un jour les Sadducéens lui adressèrent une question en s'appuyant sur l'exemple d'une femme mariée sept fois. S'il faut croire, disaient-ils, à la résurrection future des corps, lequel des sept maris de cette femme la réclamera pour son épouse ? Le Sauveur leur répondit: « Vous êtes dans l'erreur, ne sachant ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu; car, au jour de la résurrection, les hommes n'auront point de femmes, ni les femmes de maris, parce qu'ils ne pourront plus mourir[^1] ». Connaissant parfaitement la raison de ses oeuvres, il dit nettement le motif pour lequel il a institué le mariage : c'est afin de remédier par des naissances aux ravages causés par la mort; mais la fécondité des mariages, due à la munificence divine, cessera d'exister aussitôt que la mort avare cessera elle-même de faire des victimes. Le Christ créateur nous l'affirme; la multiplication des hommes ai lieu pour servir de contre-poids au peu de durée de leur existence, et le rôle providentiel des époux a été établi de Dieu avant le péché; il est certain, d'ailleurs, que la condition mortelle de l'homme dérive non pas de la prévarication d'Adam, mais d'une loi de nature , à laquelle se rapporte également l'existence du mariage. Voici maintenant en quels termes le Seigneur a fait connaître sa volonté à Adam : « Du jour où tu mangera du fruit défendu, tu mourras de mort ». Cette mort est pénale, et non corporelle; elle s'applique au péché et non à la descendance du pécheur: il n'y a pour la subir que la prévarication, et la pénitence échappe à son empire. Il est dit qu'on la subira le jour où l'on commettra le péché : d'ordinaire, l'Ecriture désigne comme déjà condamné ce qui doit l'être. Voilà pourquoi le Sauveur s'exprime ainsi dans l'Evangile : « Quiconque ne « croit point en moi, est déjà jugé, parce qu'il ne croit point au nom du Fils de Dieu[^2] ». Non pas que l'infidèle, qui nie le Christ, doive subir les supplices éternels avant le jour du jugement, puisque tous ceux qui viennent à la foi ont d'abord été des infidèles; mais, afin de manifester sa désapprobation, le Maître dit que les péchés sont déjà punis. Enfin, le livre qui porte le nom de livre de la Sagesse, et l'opinion commune, affirment qu'Adam s'est converti et a fait pénitence après son péché, et que néanmoins il est mort: par là nous devons comprendre que la mort corporelle est l'effet, non pas de la prévarication, mais d'une loi de la nature.

Augustin. Si, comme tu le dis, tu n'attaques point ceux qui pensent qu'Adam aurait pu obtenir l'immortalité à titre de récompense, s'il s'était montré obéissant aux ordres de Dieu, distingue deux sortes d'immortalité: l'une de premier ordre, l'autre de second ordre ; on ne saurait, en effet, taxer d'absurdité quiconque appellerait immortalité le sort d'un homme destiné à ne pas mourir, s'il ne fait pas ce qui peut lui donner la mort, bien qu'il puisse aussi le faire. Voilà de quelle immortalité Adam avait été doué : voilà de quelle immortalité il a été privé en conséquence de sa faute. Elle lui était communiquée par l'arbre de vie dont le fruit ne lui avait pas été défendu, lorsque Dieu lui avait intimé une loi juste, pour l'empêcher de devenir prévaricateur : le fruit de cet arbre ne lui fut interdit qu'à la suite de sa coupable désobéissance. Alors seulement le Seigneur le chassa du paradis, afin qu'il ne pût désormais porter la main sur l'arbre de vie, manger de son fruit et vivre éternellement. De là il faut conclure que cet arbre de vie lui fournissait un sacrement, et que tous les autres lui donnaient un aliment. Quant à celui qui portait le nom d'arbre de la science du bien et du mal, il était le seul dont il fût défendu à Adam de goûter. Pourquoi donc supposer que le premier homme n'a pas mangé du fruit de l'arbre de vie, puisqu'il était pour lui beaucoup plus avantageux que les autres, et que, d'ailleurs, il avait reçu l'autorisation de manger du fruit de tous les autres arbres, à l'exception de celui-là seul qui fut l'occasion de son péché? Car voici en quels termes Dieu lui avait donné ses ordres : « Tu peux manger de tous les fruits du jardin, mais ne mange pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal[^3] ». Voici encore en quels termes fut prononcée sa condamnation : « Parce que tu as écouté la voix de la femme, et que tu as mangé du seul fruit dont je t'avais défendu de manger[^4] ». Pourquoi donc ne se serait-il pas empressé de manger surtout du fruit de l'arbre de vie, puisqu'il n'avait reçu de défense qu'au sujet de l'arbre qui a causé sa.perte ? De plus, examinant avec attention le contexte, nous verrons qu'en n'en mangeant pas, il aurait péché comme il a péché en goûtant du fruit défendu; car il aurait travaillé contre sa propre vie, puisque cet arbre en était pour lui la source. Pour l'immortalité dont jouissent les saints anges , et au sein de laquelle nous vivrons nous-mêmes plus tard, il est sûr qu'elle est d'un ordre plus élevé que la première. Elle n'est pas, en effet, de telle nature qu'elle laisse la faculté de choisir une vie sans fin, aussi bien que l'innocence, quoiqu'on puisse aussi choisir la mort, comme le péché ; non, mais elle est telle que quiconque en jouit ou en jouira, ne pourra mourir, parce que désormais il sera incapable d'offenser Dieu. Dans le sein de cette immortalité, on sera animé d'une volonté de vivre bien, pareille à la volonté que nous éprouvons aujourd'hui de vivre heureux et que le malheur lui-même n'a jamais pu nous arracher. cette immortalité est supérieure à la première, tous le reconnaissent sans difficulté; si tu prétends qu'Adam aurait pu passer de l'une à l'autre à titre de récompense pour sa soumission aux ordres de Dieu, et sans avoir à subir préalablement les atteintes de la mort, tu rie diras rien de condamnable aux yeux de la vraie foi ; mais à faire l'éloge de celle-ci au détriment de celle-là, de manière à nier son existence, tu ne réussiras qu'à peupler forcément la surface du paradis de tous les genres de morts et de toutes ces douloureuses maladies que ne peuvent supporter les bonds, et qui les conduisent au tombeau : ta face elle-même en deviendra si pâle et si livide que tu ne pourrais, sans horreur, la considérer dans la glace d'un miroir. Pourquoi les descendants du premier homme, après être nés dans le paradis, constitués, non-seulement dans l'innocence, mais aussi dans le bonheur, auraient-ils été obligés de mourir, si aucune faute n'était venue les forcer à sortir de ce lieu de délices où se trouvait l'arbre de vie, où ils possédaient au suprême degré le pouvoir d'y puiser la prolongation de leur existence, où, enfin, nulle nécessité de mourir ne s'imposait à eux? Enoch et Elie ont été mis à l'abri de cette nécessité; ils vivaient en un lieu de la terre où ne se rencontrait point l'arbre de vie, et, par conséquent, ils étaient, comme le commun des hommes, dans l'obligation de tomber sous les coups de la mort. Mais où devons-nous croire qu'ils aient été transportés ? Sans aucun doute là où se trouve l'arbre de vie, qui leur communique le privilège de vivre toujours et de ne subir jamais la nécessité de mourir, comme en seraient exempts, dans le paradis, les hommes en qui ne se manifesterait aucune volonté d'offenser Dieu ; car cette volonté les exclurait forcément d'un lieu où leur équité ne leur ferait jamais une loi de mourir. C'est pourquoi l'exemple tiré d'Enoch et d'Elfe tourne plutôt à notre avantage qu'au vôtre. En effet, Dieu nous a fait voir, par ces deux personnages, ce qu'il aurait également accordé à ceux qu'il a chassés du paradis, s'ils avaient voulu ne point pécher; car Adam et Eve ont été exclus de l'endroit où ont été admis Enoch et Elie. Nous croyons encore que, dans ce séjour, le Seigneur leur a fait la grâce de n'avoir aucun motif de lui adresser cette prière : « Pardonnez-nous nos offenses[^5] ». Sur cette terre où la corruption de leur corps appesantissait leur âme[^6], ils avaient de tels combats à livrer au vice, que s'ils avaient dit n'avoir aucun péché, ils se seraient trompés eux-mêmes et auraient menti[^7]. On croit avec raison qu'ils reviendront un jour sur la terre pour un peu de temps, afin de subir eux-mêmes la loi de la mort, et de payer ainsi la dette imposée à toute la descendance du premier homme. De là il faut conclure que ceux qui auraient persévéré dans l'innocence, comme aussi leurs enfants qui auraient continué à habiter le paradis en conservant la fidélité au devoir, eussent joui sans interruption de l'immortalité de second ordre, jusqu'au moment où, sans passer par les étreintes de la mort, ils seraient entrés dans celle du premier ordre : nous ne pouvons dire autre chose si nous avouons qu'une si longue vie est devenue le partage d'Enoch et d'Elie, c'est-à-dire d'hommes auxquels, ici-bas et en dehors du paradis, leur justice ne pouvait permettre de se déclarer sans péché.

« Mais », dis-tu, « le Sauveur, questionné au sujet de la femme aux sept maris, a dit nettement le motif pour lequel il avait institué le mariage: c'était afin de remédier, par des naissances, aux ravages causés par la mort; toutefois, la fécondité des mariages, dont la munificence divine, cessera d'exister, aussitôt que la mort avare cessera elle-même de faire des victimes ». Tu te fais une illusion complète en supposant que le mariage a été établi pour remédier à la disparition des morts par la survenance des nouveau-nés. Si, en effet, l'union matrimoniale a été instituée de Dieu, c'est afin que la pudicité des femmes fût le moyen sûr, pour les pères, de con. naître leurs enfants, et, pour les enfants, de connaître leurs pères; car du commerce inconsidéré et simultané des hommes avec toutes sortes de femmes, pourraient naître des enfants; mais comment pourrait, entre eux et leurs pères, s'établir avec certitude de nécessaires rapports? Ce serait impossible, Mais si personne ne péchait, et, par conséquent, si personne ne mourait, une fois que serait devenu parfait le nombre d'élus suffisant pour peupler la céleste Jérusalem, on verrait finir le temps présent pendant lequel on aurait le choix de pécher ou de ne pas pécher et lui succéder le siècle à venir, où l'on serait forcément impeccable. Dés lors que les âmes, séparées du corps, peuvent être heureuses ou malheureuses, sans avoir pour cela la faculté de commettre l'iniquité, tous les fidèles l'avoueront: dans le royaume de Dieu, où le corps sera incorruptible, où, au lieu d'appesantir l'âme, il en sera l'ornement, où, enfin, il n'aura plus besoin d'aliments, on aimera si vivement l'Eternel, que personne ne s'y rendra coupable de péché; et la cause de cette impeccabilité se trouvera, non pas dans l'absence de toute volonté mauvaise, mais bien dans l'existence d'une volonté droite. Quand, en parlant de la résurrection des morts, le Sauveur a dit : « Les hommes n'auront pas d'épouses, ni les femmes de maris, parce qu'ils ne mourront plus », son intention n'a donc pas été de nous apprendre que le mariage a été établi pour remédier aux ravages de la mort; il a voulu nous dire que le nombre des élus étant devenu parfait, le besoin de naissances ne se fera plus sentir, puisque personne ne sera plus condamné à mourir.

« Mais », ajoutes-tu , « Adam s'est converti et a fait pénitence après son péché : le livre de la Sagesse et l'opinion commune l'affirment : néanmoins, il est mort, et, par là, nous devons comprendre que la mort corporelle est un effet, non pas de sa prévarication, mais d'une loi de la nature ». Est-ce que David ne s'est pas converti? Est-ce qu'il n'a pas fait pénitence de ses deux grands trimas, l'adultère et l'homicide? Est-ce que le prophète, qui était venu l'épouvanter, ne lui a mit pas affirmé qu'il en avait obtenu le pardon? Pourtant, les menaces que Dieu lui avait faites ont été suivies d'effet : les saints Livres nous le disent, afin de nous faire comprendre que le pardon, à lui accordé, a consisté en ce que la peine éternelle, due aux excès de cet homme, lui a été remise. La pénitence du premier homme pouvait donc avoir comme résultat de remplacer , pour lui, le châtiment sans fin de l'autre monde, par une punition infligée en celui-ci. Voilà pourquoi, selon une croyance parfaitement légitime, son Fils, c'est-à-dire Notre-Seigneur Jésus, en tant qu'homme, l'a délivré de la prison de l'enfer, en y descendant lui-même. Le livre de la Sagesse nous dit qu'Adam a été délivré de son péché : ces paroles doivent s'entendre, non dans le sens du passé, mais dans celui du futur, bien qu'elles expriment un fait accompli. Les voici : « Elle le tira de son péché[^8] ». Le Prophète avait déjà dit de même : « Ils ont percé mes mains, etc. » et avait mis au temps passé ce qu'il annonçait pour l'avenir. Ainsi est-il advenu qu'Adam a subi, dans le temps et par sa mort corporelle, le châtiment de sa désobéissance, et cet acte de pénitence a eu pour résultat de lui en épargner la punition éternelle. En cela, il est facile de le voir, la grâce du Libérateur a eu plus d'efficacité que la pénitence de notre premier père. Inutile, pour toi, de chercher à le défendre contre le choc de la vérité : elle t'écrase au grand jour avec toutes les machines que tu mets en jeu. Tu n'as plus aucun motif. raisonnable pour remplir le paradis de Dieu de tous les genres de mort et des innombrables maladies qui torturent les hommes et les conduisent au tombeau. Crois-en à cette parole de bien : « Du jour où vous en aurez mangé, vous mourrez de mort[^9] ». En effet, Adam et Eve sont morts le jour même où ils ont été séparés de l'arbre de vie renfermé dans le paradis terrestre, et qui communiquait la vie à leur corps; à partir de ce moment-là, leur condition est devenue mortelle, et la mort est devenue pour eux une inévitable nécessité. Evidemment, ces mots : « ravages de la mort, mort avare », t'appartiennent, tu les as prononcés; qu'au moins de telles paroles, des paroles si dures et si horribles à entendre t'inspirent la pensée de respecter le paradis de Dieu. Ce séjour admirable des bienheureux te serait-il assez odieux pour que tu y fasses entrer la mort elle-même, et une mort avare qui y porte le ravage? O ennemis de la grâce divine ! O adversaires du paradis ! pouvez-vous prétendre à plus qu'à empoisonner la douceur des saintes délices, en y mêlant l'amertume de la douleur, qu'à faire du paradis un véritable enfer en miniature ?

  1. Matth. XXII, 29, 30; Luc, XX, 35, 36.

  2. Jean, III, 18.

  3. Genèse, 11, 16, 17.

  4. Id. 111, 17.

  5. Matth. VI, 13.

  6. Sagesse, IX, 15.

  7. Jean, I, 8.

  8. Sagesse, X, 2.

  9. Genèse, II, 17.

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Contre la seconde réponse de Julien

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