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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

39.

Julien. « Mais, dira quelqu'un, comment les morts ressusciteront-ils, et avec quel corps reviendront-ils? Insensé que tu es ! ce que tu sèmes ne prend point vie, s'il ne meurt auparavant. Et ce que tu sèmes n'est pas le corps même de la plante qui doit venir, mais le grain seulement, par exemple, du blé ou de quelque autre semence. Et Dieu donne à ce grain un corps tel qu'il lui plait, et, à chaque semence, le corps qui lui est propre. Toute chair n'est pas la même chair, mais autre est la chair des hommes, autre est la chair des bêtes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres; mais autre est la beauté des corps célestes, autre est celle des corps terrestres. Le soleil a son éclat, la lune a le sien, et les étoiles le leur, et, entre les étoiles, l'une est plus brillante que l'autre. Il en est de même de la résurrection des morts. Le corps est semé dans la corruption, et il ressuscitera incorruptible. Il est semé dans l'ignominie, et il ressuscitera dans la gloire. Il est semé dans la faiblesse, et il ressuscitera dans la force. Il est semé corps animal, et il ressuscitera corps spirituel. Il est encore écrit : Adam, le premier homme, a été créé avec une âme vivante, et le second a été rempli d'un esprit vivifiant. Le premier homme est le terrestre, formé de la terre; le second est le céleste qui vient du ciel. Comme le premier homme a été terrestre, ses enfants sont aussi terrestres ; et comme le second est céleste, ses enfants sont aussi célestes. Comme nous avons porté l'image de l'homme terrestre , portons aussi l'image de l'homme céleste[^1] ». L'Apôtre tranche la difficulté en se servant d'exemples, et il dit qu'il n'y a rien d'impossible quand le Tout-Puissant annonce un résultat quelconque. Pour nous donner une idée de la résurrection des corps, il les compare à des semences, et il nous cite différentes sortes de créatures, pour nous faire comprendre les divers genres de résurrection : mais tout ce qu'il dit a trait à la résurrection des bienheureux. « Le corps est semé dans l'ignominie, et il ressuscitera dans la gloire : il est semé dans la faiblesse, et il ressuscitera dans la force : il est semé corps animal, et il ressuscitera corps spirituel u. Il est sûr que cela ne peut s'accomplir que dans la personne des saints; quant aux impies, ils ressusciteront aussi, mais ce sera non pour leur gloire, mais, dit le Prophète, pour leur honte éternelle[^2]. Paul fait parfaitement voir ici la différence de la nature et de la grâce, et il nous remet sous les yeux ce passage concluant de l'Ancien Testament : « Adam, le premier homme, a été créé avec une âme vivante », puis il ajoute de lui-même : « et le second a été rempli d'un esprit vivifiant ». Par là, il montre que l'immortalité est un bienfait de l'esprit vivifiant, tandis que l'âme vivante ne vient que de la nature destinée à mourir. Il y a donc, dit-il, une différence totale entre vivre et vivifier : vivifier, c'est conférer l'immortalité qu'il attribue au Christ; vivre, c'est jouir de la vie, mais ce n'est pas être à l'abri des coups de la mort. Ainsi, en finissant, a-t-il bien nettement défini sa double pensée; d'une part, Adam a été fait âme vivante, mais non immortelle; de l'autre, le Christ est devenu un esprit non pas seulement vivant, mais encore vivifiant, c'est-à-dire communiquant la vie, la vie glorieuse à ses fidèles, et à tous la vie éternelle.

Augustin. Est-ce qu'Adam devait mourir tout en restant innocent, parce qu'il avait été créé avec un corps animal, et non avec un corps spirituel? Oh ! tu te trompes du tout au tout, si tu penses qu'à cause de cela il nous faut remplir le paradis de Dieu de tous les genres de mort, de toutes les douleurs des agonisants et aussi de l'ignominie, de l'infirmité et de la corruption, dans lesquelles sont aujourd'hui semés les corps animaux des hommes. L'arbre de vie , que Dieu avait planté dans son jardin de délices, aurait préservé de la mort même le corps animal de l'homme, jusqu'au moment où, par sa persévérance dans la soumission aux volontés du Très-Haut, il aurait mérité de passer, sans subir les atteintes de la mort, dans la gloire spirituelle que posséderont les justes ressuscités. Il était juste, en effet, que l'image de Dieu fût enfermée dans un corps pareil, bien qu'aucun péché ne ternît et ne souillât l'éclat de sa beauté, et que ce corps fût tiré et formé d'une substance terrestre. L'arbre de vie devait lui communiquer cette permanente stabilité d'existence qui devait soutenir son âme vivante et la maintenir dans un état où la séparation ne deviendrait jamais nécessaire ; ensuite et en raison de son obéissance constante, elle se serait unie à l'esprit vivifiant; néanmoins, la vie de second ordre, qu'elle pouvait perdre ou ne pas perdre, lui eût été conservée, et à cette vie serait venue s'ajouter celle de premier ordre, au maintien de laquelle l'arbre de vie n'eût plus été indispensable, et que la mort n'eût pu anéantir. Je te demande en quelle espèce de corps se trouvent, suivant toi, aujourd'hui Enoch et Elie? Est-ce dans un corps animal ou dans un corps spirituel? Si tu me dis : dans un corps animal, dis-moi aussi pourquoi tu refuses de croire qu'Adam, Eve et leurs descendants, auraient pu vivre comme vivent maintenant Enoch et Elie, si jamais ils n'avaient, par leur désobéissance, violé le commandement de Dieu, et malgré la nature animale de leurs corps? Car, enfin, ils se trouvaient où se trouvent ces saints personnages; et ceux-ci vivent dans le paradis, d'où le Seigneur a exclu nos premiers parents, afin de les faire mourir. Comme l'arbre matériel de vie communiquait la vie à des corps animaux, ainsi l'arbre spirituel de vie, qui est la sagesse de Dieu, communique aux âmes la vie de la saine doctrine. Aussi, quelques commentateurs, même catholiques, des saintes Ecritures, ont-ils préféré nous faire voir en tout cela une allusion à un paradis spirituel, mais ils n'ont pas du tout révoqué en doute la vérité du récit sacré, qui nous parle plus qu'évidemment d'un paradis matériel. Si, au contraire, tu réponds qu'Enoch et Elie ont déjà un corps spirituel, pourquoi soutenir que le corps animal des premiers hommes, et, à leur suite, de tous leurs descendants, n'aurait pu, sans passer par l'épreuve de la mort, devenir spirituel, s'ils n'avaient commis aucun péché, et si , par conséquent, ils ne s'étaient éloignés de l'arbre de vie? Si tu ne soutenais une pareille erreur, tu ne serais pas obligé de remplir de tous les genres de mort, de toutes les douleurs des agonisants, des innombrables infirmités qui torturent l'homme et le conduisent au tombeau, le paradis de Dieu, le séjour de la joie et du bonheur.

  1. I Cor. XV, 35, 49.

  2. Jérém. XXIII, 40.

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Contre la seconde réponse de Julien

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