XIV.
8° On peut pardonner à une semblable faiblesse; une telle excuse doit exciter la pitié. Ainsi le Seigneur pardonna naguère à Castus et à Émilius. Vaincus dans un premier combat, un second leur donna la victoire; après avoir cédé au feu, ils se montrèrent plus forts que lui, et le supplice qui les avait vaincus devint l’instrument de leur triomphe. Quand ils imploraient leur pardon, ils ne se bornaient pas à répandre des larmes : ils montraient leurs blessures; ils ne poussaient pas des cris lamentables : ils laissaient parler leurs corps déchirés. Au lieu des pleurs, c’était le sang qui coulait de leurs entrailles à demi-consumées. Mais, aujourd’hui, quelles plaies les vaincus peuvent-ils nous montrer? où sont leurs entrailles torturées, leurs membres meurtris? Hélas! leur foi n’a pas succombé dans une lutte que ! leur lâcheté avait eu soin (73) d’éviter. Quand le crime est dans la volonté, comment l’excuser par la violence?
Mon intention n’est pas d’exagérer la culpabilité de nos frères; mais plutôt de les porter à la pénitence. Il est écrit : Ceux qui vous disent heureux vous trompent et mettent des obstacles sur votre chemin (Isaïe, III). Flatter le pécheur c’est fournir un nouvel aliment à ses crimes loin d’en arrêter le développement, on le favorise ; mais celui qui a le courage d’avertir son frère et de le réprimander assure son salut. Ceux que j’aime, dit le Seigneur, je les reprends et je les châtie (Apoc., III). Le ministre de Dieu doit donc avoir recours, non à une obséquiosité trompeuse, mais à des remèdes salutaires. Un médecin qui n’ose toucher et sonder une plaie en augmente la corruption. Il faut l’ouvrir, faire des incisions, couper les chairs putréfiées et appliquer le remède. Le ma1ade, dans sa souffrance, pourra crier et se plaindre, mais une fois guéri, il remerciera le médecin.
