X.
Nous ne disons pas seulement Père, mais notre Père : c’est-à-dire père de ceux qui croient, de ceux qui, sanctifiés et régénérés par la grâce divine, sont devenus les fils de Dieu. Cette parole condamne ouvertement les Juifs. Aveuglés par l’esprit de révolte, non-seulement ils ont repoussé le Christ annoncé par leurs prophètes, le Christ qui commençait par eux sa mission divine, mais ils lui ont fait subir la mort la plus cruelle. Ils ne peuvent appeler Dieu leur père, car Jésus est là pour les confondre : Vous êtes les fils du démon, leur dit-il, et vous marchez sur les traces impures de votre père. Il fut homicide dès le commencement; il ne persévéra pas dans la vérité; aussi la vérité n’est pas en lui (Joan., VIII.). Le Seigneur, dans son indignation, parle ainsi par la bouche d’Isaïe : J’ai engendré des enfants, je les ai élevés, et ils m’ont méprisé. Le boeuf connaît son maître, l’âne l’étable où il trouve sa nourriture : Israël ne me connaît pas; mon peuple n’a pas su me comprendre. Malheur à la nation coupable, à ce peuple chargé d’iniquités! Race perverse, enfants criminels, vous avez abandonné le Seigneur; vous avez enflammé la colère du saint d’Israël (Isa.,1).
C’est donc une condamnation pour les Juifs que ces mots notre Père que nous prononçons, dans notre prière. Dieu est devenu notre père, en cessant d’être celui des Juifs qui l’avaient (201) abandonné. Le nom de fils ne peut appartenir au peuple coupable; mais à ceux qui ont reçu la rémission de leurs péchés, et, avec ce titre, ils possèdent la promesse de l’éternité. Jésus a dit : Tout homme qui commet le péché est esclave du péché. L’esclave est banni de la maison de son maître; mais le fils y reste toujours (Joan., VIII).