IX.
Les blessures du glaive sont moins graves et moins dangereuses que celles de l’envie. Quand on voit une plaie, il est facile d’y apporter un remède et de la guérir; mais les blessures de l’envie sont secrètes; le remède ne peut les atteindre, puisqu’elles se cachent dans les profondeurs de la conscience. Vous donc, qui vous abandonnez aux fureurs de l’envie, poursuivez votre prochain de vos artifices, de vos persécutions, de vos fureurs, vous ne serez jamais l’ennemi de personne autant que de vous-même. Celui qui excite vos jalousies pourra toujours vous éviter; mais sous, vous ne pouvez vous fuir vous-même. Partout votre ennemi est avec vous; vous le portez dans votre poitrine: c’est là qu’il exerce sa domination; il vous ravit votre liberté; il vous charge de chaînes, comme un captif, et ne vous laisse aucun repos. Porter envie à un homme que Dieu a placé au nombre de ses enfants est un supplice de tous les jours; haïr un homme heureux est un malheur sans remède.
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