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Aussi voyons-nous souvent des personnes qui ont méprisé une belle position, de grandes richesses, de magnifiques héritages, se troubler cependant pour des riens, pour un couteau, une plume, une écritoire. Si elles pensaient toujours à la pureté du coeur, s'arrêteraient-elles à des bagatelles semblables, après avoir su sacrifier des choses bien autrement précieuses. Il y en a qui s'attachent tant à un livre, qu'ils ne veulent pas souffrir qu'un autre le lise ou le touche, s'exposant à perdre ainsi le calme et la vie de leur âme, avec ce qui était un moyen d'acquérir la patience et la charité. Ils ont donné tous leurs biens pour l'amour de Jésus-Christ, et ils reprennent leur coeur pour des futilités. S'ils se mettent alors en colère , c'est qu'ils n'ont pas cette charité de l'Apôtre, sans laquelle tout devient inutile et stérile. Saint Paul leur a dit, cependant : « Quand je distribuerais tous mes biens aux pauvres, et que je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me servirait de rien. » (I Cor., XIII, 3.) Ce qui prouve clairement qu'on n'atteint pas la perfection en se dépouillant de tout et en méprisant les honneurs, mais en possédant cette charité dont l'Apôtre décrit les effets, et qui consiste dans la seule pureté du coeur. Car ne pas être envieux, superbe, violent, téméraire, ne pas rechercher ses intérêts, ne pas se réjouir de l'injustice et ne pas juger mal les autres, n'est-ce pas offrir sans cesse à Dieu un coeur très-pur, et le préserver de tout ce qui peut le troubler ?