16.
Les anges eux-mêmes ont été sujets au changement, comme le prouve la chute de ceux qui se sont perdus par la corruption de leur volonté. Ceux qui ont persévéré dans l'état heureux où ils avaient été créés, n'étaient pas immuables par leur nature; mais ils ne se sont pas laissé entraîner au mal comme les premiers : car il y a une différence entre ne pas changer par nature et persévérer dans le bien, par l'effort de la vertu et par la grâce de Dieu qui ne change jamais. Tout ce qui s'acquiert ou se conserve par le travail, peut se perdre par la négligence. C'est pourquoi il est dit : « Ne glorifiez pas l'homme avant sa mort » (Eccl., XI , 30) ; car il est encore dans les combats et dans l'arène; il a beau avoir l'habitude de vaincre et de cueillir les palmes du triomphe, il n'est pas cependant à l'abri de toute crainte et de tout danger. Aussi Dieu seul est immuable et véritablement bon; car il ne doit pas sa bonté à ses efforts, mais à sa nature même, et il ne peut être qu'infiniment bon. Il n'y a pas de vertu que l'homme puisse posséder en toute assurance pour la conserver, il doit employer les mêmes moyens dont il s'est servi pour l'acquérir, une application continuelle, et surtout la grâce toute-puissante de Dieu.