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Ces philosophes, pleins d'admiration, vinrent trouver l'abbé Antoine, lui racontèrent la guerre qu'ils lui avaient faite et la cause de leur jalousie, et ils lui déclarèrent qu'ils étaient décidés à se faire chrétiens. Le saint leur demanda quel avait été le jour de leur tentative, et il leur avoua que, ce jour-là, il avait été , en effet, tourmenté par des pensées très-pénibles.
Cet exemple prouve la vérité de ce que nous disions dans notre dernière conférence. L'expérience du bienheureux Antoine montre que les démons ne peuvent rien sur l'esprit et le corps des hommes, et qu'ils sont incapables d'envahir leur âme, à moins d'en bannir d'abord les saintes pensées, et de l'avoir privée des secours de la prière et de la contemplation. Il faut savoir cependant que les esprits impurs obéissent aux hommes de deux manières: ou ils sont assujettis, par la grâce et la vertu divines, au pouvoir des saints , ou ils sont attirés par les sacrifices et les évocations des impies qu'ils servent alors comme des amis. C'est cette croyance qui trompait les pharisiens , lorsqu'ils accusaient Notre-Seigneur de commander aux démons: « C'est au nom de Béelzébub, prince des démons, disent-ils, qu'il chasse les démons » (S. Matth., XII, 24) , s'imaginant que le Sauveur employait les mêmes moyens que les magiciens , qui invoquent le nom du démon et lui font des sacrifices agréables, afin d'obtenir un certain pouvoir sur les démons inférieurs qui lui sont soumis.