9.
L'ABBÉ ISAAC. La demande si précise et si spirituelle que vous me faites, est une preuve que vous n'êtes pas éloigné de cette pureté; personne ne pourrait, je ne dis pas comprendre ce sujet, mais seulement en exposer les difficultés, sans avoir fait beaucoup d'efforts pour les pénétrer. Il faut avoir longtemps vécu saintement, et acquis de l'expérience pour désirer ainsi cette pureté et frapper à la porte de son sanctuaire. Je vois que vous ne vous êtes pas contentés d'arriver au seuil de la prière véritable, mais que vous en avez pénétré et touché les mystères ; que vous les possédez même à un certain degré. Aussi j'espère que je n'aurai pas beaucoup de peine, avec la grâce de Dieu, à vous faire entrer plus avant, et que vous saisirez sans peine les choses que j'ai à vous expliquer. On est bien prêt de connaître, quand on sait ce qu'il faut chercher, et la science n'est pas éloignée de celui qui commence à comprendre tout ce qu'il ignore. Je ne crains pas d'encourir le reproche d'indiscrétion ou de légèreté, en vous exposant ce que je vous avais caché, dans notre dernière conférence , sur la perfection de la prière; car au point où vous êtes arrivés, la grâce de Dieu pourrait très-bien tout vous apprendre, sans mon intermédiaire.