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Mais dès qu'il a prononcé cette parole d'un humble repentir, son père accourt vers lui, et lui témoigne une tendresse plus grande qu'autrefois. Il ne se contente pas de lui accorder ce qu'il sollicite; mais il lui rend sur-le-champ sa dignité de fils. Hâtons-nous aussi d'arriver à ce troisième degré des enfants, qui regardent comme à eux tout ce qui est à leur père. Tâchons de recevoir, par la grâce d'une inébranlable charité, cette image et ressemblance du Père céleste, et de pouvoir dire à l'imitation de son divin Fils : « Tout ce que possède mon Père est à moi. » (S. Jean, XVI, 25.) C'est ce que l'Apôtre nous annonce, lorsqu'il dit : « Tout est à vous, Paul , Apollon, Pierre, le monde, la vie, la mort, les choses présentes, les choses futures; tout vous appartient. » (I Cor., III, 22.) Le précepte du Sauveur nous invite aussi à cette ressemblance : « Soyez parfaits, dit-il , comme votre Père céleste est parfait. » (S. Matth., V, 48.) La ferveur cesse quelquefois dans les esclaves et les mercenaires, lorsque la tiédeur, la joie ou le plaisir affaiblissent l'âme, et lui ôtent la crainte de l'enfer ou le désir des biens futurs. Mais il faut nous servir de ces premiers degrés pour éviter le vice par la crainte du châtiment et l'espoir de la récompense, afin de pouvoir arriver au degré de la charité. « Il n'y a plus de crainte dans la charité, dit saint Jean; car la charité parfaite chasse la crainte, parce que toute crainte est une peine. Celui qui craint n'est point parfait dans la charité. Aimons donc Dieu, parce que Dieu nous a aimés le premier. (I S. Jean, IV, 18.) Nous n'avons pas d'autre moyen d'arriver à la perfection, que d'aimer Dieu comme il nous a aimés. Il nous a aimés le premier pour notre salut , et nous devons l'aimer aussi uniquement pour lui-même. Efforçons-nous donc de passer de la crainte à l'espérance, et de l'espérance à la charité et à l'amour des vertus, afin qu'en aimant le Bien lui-même, nous y restions toujours attachés, autant que le peut la nature humaine.