4.
Il faut cependant bien nous persuader que nous aurions beau nous soumettre à toutes les lois de la continence, supporter la faim, la soif, les veilles et nous livrer sans cesse au travail et à l'étude, nous ne pourrons, malgré tous nos efforts, parvenir à une inaltérable pureté, si nous n'apprenons, par notre expérience, que la grâce de Dieu peut seule nous donner cette vertu parfaite. Chacun doit reconnaître qu'il doit persévérer dans ses exercices sans jamais se lasser, afin d'obtenir de la miséricorde divine , par leur moyen, d'être délivré des combats de la chair et de la tyrannie du vice. Qu'il n'espère jamais arriver seul à cette chasteté parfaite qu'il désire. Ayons pour cette vertu autant d'amour et d'ardeur que les avares en ont pour les richesses; les ambitieux, pour les honneurs; les voluptueux, pour les plaisirs, et ce désir insatiable de la pureté parfaite nous fera mépriser les mets les plus agréables et la boisson la plus nécessaire. Nous redouterons même le sommeil dont peut avoir besoin la nature, parce que c'est un ennemi qui nous dresse des embûches et qui peut nuire à notre pureté. Si nous voyons à notre réveil que nous avons été préservés de toute souillure, nous nous en réjouirons, en l'attribuant non pas à nos soins et à notre vigilance, mais à la protection de Dieu, qui seul peut nous assurer la possession de ce trésor. Celui qui en sera persuadé ne se glorifiera jamais de sa vertu, et le calme dont il jouit ne le rendra pas présomptueux; car il sait bien que, sans le secours de la grâce, il tomberait promptement dans la honte, et cette pensée l'excitera sans cesse à prier avec un coeur contrit et humilié.