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Enfin, l'Auteur même de tous les miracles et de toutes les vertus, lorsqu'il enseigne sa doctrine et ce que ses plus fidèles disciples doivent surtout apprendre, leur dit: Venez, et apprenez de moi, non pas à chasser les démons par le pouvoir d'en haut, non pas guérir les lépreux, à rendre la vue aux aveugles, à ressusciter les morts; car, quoique je fasse quelquefois ces choses par l'entremise de mes serviteurs, la faiblesse humaine ne doit pas partager l'honneur de Dieu, et l'instrument ravir la gloire qui appartient au seul Créateur; mais pour vous, « apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. » (Matth., XI, 29.) C'est là, en effet, ce que tous peuvent rechercher et apprendre, tandis que le don des mi-racles n'est pas nécessaire en tout temps, et n'est pas accordé à tout le monde.
L'humilité est donc la maîtresse de toutes les vertus; c'est le fondement le plus solide de l'édifice spirituel et le don le plus spécial, le plus magnifique du Sauveur. Celui-là seul pourra faire sans danger d'orgueil tous les miracles que le Christ a faits, s'il imite le doux Maître , non pas dans sa puissance et ses prodiges, mais dans sa patience et son humilité. Celui, au contraire, qui veut commander aux esprits immondes, guérir les malades et faire admirer des choses extraordinaires , ne peut être le disciple du Christ, quoiqu'il invoque son nom dans ses oeuvres, parce que son âme superbe ne suit pas les enseignements du Maître de l'humilité.
Le Sauveur, au moment de retourner à son Père, voulait laisser à ses disciples comme son testament, lorsqu'il dit : « Je vous fais un commandement nouveau ; c'est de vous aimer les uns les autres ; » et il ajoute aussitôt : « Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. » Il ne dit pas : « Aux miracles que vous ferez, » mais « à l'amour véritable que vous aurez les uns pour les autres. » Et cet amour, il est certain que les doux et les humbles peuvent seuls l'avoir. Aussi nos pères n'ont jamais regardé comme des religieux parfaits et guéris de vaine gloire, ceux qui font profession devant les hommes de chasser les démons et qui montrent à leurs admirateurs cette puissance qu'ils ont ou qu'ils croient avoir reçue. Mais, hélas! celui qui s'appuie sur le mensonge se nourrit de vent, et poursuit des oiseaux qui s'envolent; il lui arrivera certainement ce qu'annoncent les Proverbes : « Comme on reconnaît facilement les vents, les nuages et la pluie, on reconnaîtra de même celui qui se glorifie d'un faux don. » (Prov., XXV, 14.) Si quelqu'un fait des miracles devant nous, n'admirons pas ses miracles, mais la sainteté de sa vie, et ne recherchons pas si les démons lui sont assujettis, mais s'il possède la charité que nous prêche l'Apôtre.