15.
Nous voyons, au contraire, hélas! bien des religieux, lorsqu'ils ont quelque chose contre leurs frères, ou que leurs frères ont quelque chose contre eux, être assez durs et assez obstinés pour dissimuler leurs sentiments, et se mettre à chanter des psaumes, en s'éloignant de ceux que pourraient apaiser quelques excuses, quelques paroles bienveillantes. Ils s'imaginent adoucir ainsi leur mauvaise humeur, tandis qu'ils augmentent, par leur conduite, ce feu qu'ils auraient pu éteindre promptement, s'ils avaient été plus doux, plus humbles de coeur, et s'ils avaient su, par quelques regrets, guérir leur âme et celle de leurs frères. Ils favorisent ainsi leur faiblesse ou plutôt leur orgueil, et nourrissent la racine des querelles au lieu de l'arracher. Ils oublient le précepte du
Seigneur : « Celui qui s'irrite contre son frère est coupable de jugement. Si vous vous rappelez que votre frère a quelque chose contre vous , laissez votre présent devant l'autel; allez d'abord vous réconcilier avec votre frère , et vous viendrez ensuite offrir votre présent. (S. Matth., V, 24.)