23.
Il faut être bien persuadé que celui qui soumet sa volonté à celle de sou frère, est plus fort que celui qui est opiniâtre à défendre son sentiment. Quand on supporte et soutient son prochain, on est robuste et en borine santé, tandis qu'on ressemble à un malade, quand on oblige les autres à vous ménager et à vous faire des concessions, pour conserver le repos et la paix. Et qu'on ne s'imagine pas nuire à sa perfection, en cédant ainsi sur ce qu'on avait proposé. On s'enrichit, au contraire, par sa douceur et sa patience; c'est ce que l'Apôtre recommande : « Vous qui êtes fort, dit-il, supportez les faiblesses de ceux qui sont infirmes. A (Rom., XV, 1.) « Portez vos fardeaux les uns les autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. » (Gal., VI, 2.) Car jamais le faible ne pourra soutenir le faible, et le malade guérir le malade. Le secours doit venir de celui qui n'en a pas lui-même besoin; sans cela, il faudrait lui dire : « Médecin, guéris-toi toi-même. » (S. Luc., IV, 23.)