29.
Celui qui est juste et parfait n'est pas l'esclave de la loi du carême, et ne se contente pas d'un si petit nombre de jeûnes. Cette obéissance servile est imposée seulement par l'Église, aux personnes du monde qui sont livrées toute l'année à leurs jouissances et à leurs affaires. Il faut bien que la loi les force à penser à Dieu pendant ces jours, et qu'ils lui consacrent au moins cette dîme de leur vie, qu'ils auraient dévorée comme le reste. Mais les justes, pour qui la loi n'est pas faite, ne bornent pas leurs jeûnes à cette extrême partie de leur vie, mais ils la donnent tout entière; ils sont affranchis de l'impôt légal, parce qu'ils paient davantage , et ils peuvent s'en exempter sans scrupule , quand ils en ont de bonnes et saintes raisons. Ceux qui donnent tout, ne détournent rien de la dîme. Il n'en est pas de même de ceux qui n'offrent point à Dieu de dons volontaires ; la loi les oblige à payer la dîme dans toute sa rigueur. Il est évident que l'esclave de la loi, celui qui évite ce qu'elle défend, et qui fait seulement ce qu'elle ordonne, n'est pas parfait comme celui qui n'use pas même de ce qu'elle accorde. Aussi, quoique l'Apôtre ait dit de la loi de Moïse : « La loi ne conduit à rien de parfait » (Hébr., VII, 19), nous voyons beaucoup de saints, dans l'Ancien Testament, devenir parfaits, parce qu'ils ont été au delà des prescriptions de la loi, pour vivre de la perfection évangélique. « Ils savaient que la loi n'est pas faite pour les justes, mais pour les injustes, les rebelles, les impies et les pécheurs, pour les coupables et les profanes. » (I Tim. , I, 9.)