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Sept jours s'étaient écoulés et le temps pascal était passé, lorsque vers le commencement de la nuit, après le repas du soir, nous entrâmes dans la cellule du bienheureux Théonas, pour avoir l'entretien qu'il nous avait promis. Le saint vieillard nous reçut avec un visage joyeux, et nous adressa ainsi le premier ,la parole.
L'ABBÉ THÉONAS. J'admirais que votre ardeur à vous instruire vous permît d'attendre sept jours la réponse à la question que vous m'aviez faite et d'accorder un si long délai à votre débiteur qui ne l'avait pas demandé. Il est bien juste qu'après avoir eu tant d'indulgence à mon égard, je ne diffère pas à m'acquitter. C'est là une bonne affaire; plus on paie, plus on s'enrichit , et celui qui reçoit n'ôte rien à celui qui donne. Il y a double avantage à distribuer les richesses spirituelles; car non-seulement on est utile à celui qui nous écoute, mais, en l'instruisant, on excite en soi-même le désir de la perfection. Votre ardeur est donc un profit pour moi et votre zèle me fait rougir; car je resterais dans ma langueur, et je n'aurais dans l'esprit rien de ce que vous désirez, si votre ferveur ne m'avait tiré de mon sommeil et rappelé aux choses spirituelles. Voyons donc maintenant la question que le manque de temps nous a fait différer.