7.
Nous devons tellement mettre notre coeur sous la garde de l'humilité , que nous soyons toujours persuadés que nous ne pourrons jamais parvenir seuls à ce degré de pureté, et que, même en faisant, avec la grâce de Dieu, tout ce que nous venons de dire , nous ne serons cependant pas encore dignes de communier.
Car la sainteté de cette Manne céleste est si grande, que personne dans une chair terrestre ne peut par lui-même mériter d'en approcher et ne la reçoit que par une bonté toute gratuite du Seigneur. Personne ensuite ne peut être assez sur ses gardes, dans le combat du monde , pour ne pas recevoir quelque atteinte de l'ennemi , pour ne pas pécher, rarement ou légèrement peut- être, par ignorance, négligence, vanité, surprise, pensée, nécessité, oubli. Quand même il serait arrivé à ce degré de vertu où il pourrait dire avec l'Apôtre : « Pour moi, je m'inquiète peu d'être jugé par vous ou par quelque homme que ce soit ; je n'ose pas me juger moi-même, quoique ma conscience ne me reproche rien » (I Cor., IV, 3), il doit cependant être persuadé qu'il n'est pas exempt de péché; car l'Apôtre ajoute : « Mais je ne suis pas justifié pour cela ; » c'est-à-dire : Ce n'est pas en me croyant juste que je possèderai la vraie gloire de la justice, et ma conscience a beau ne rien me reprocher, je ne suis pas pour cela exempt de tout péché ; car bien des choses se cachent dans ma conscience, et ce que j'ignore et ne voit pas , Dieu le voit et le connaît. « Aussi, dit encore saint Paul, c'est le Seigneur qui est mon juge. Celui qui pénètre les secrets des coeurs peut seul ne pas se tromper. »