9.
L'ABBÉ THÉONAS. Il faut reconnaître qu'il y a bien des saints et des justes ; mais il y a une grande différence entre être saint ou sans tache. On peut dire que quelqu'un est saint parce qu'il est consacré au culte divin; car ce nom s'applique non-seulement aux hommes, mais encore aux lieux, aux vases et aux meubles du temple, comme on le voit dans l'Écriture; mais c'est de Jésus-Christ seulement qu'on peut dire qu'il est sans péché, car l'Apôtre lui en fait une gloire spéciale lorsqu'il dit : « Il n'a pas fait de péché1. » (I S. Pierre, II, 22.)
Cette louange si belle eût été indigne de la Majesté divine, si nous avions pu nous-mêmes traverser la vie sans aucune souillure. Aussi l'Apôtre dit encore aux Hébreux : « Nous n'avons pas un pontife qui ne puisse compatir à nos infirmités ; car il a été éprouvé comme nous, excepté par le péché. » (Hébr., IV, 15.) Si nous avions pu, dans notre faiblesse, participer à ce divin privilège du Pontife suprême et être tentés sans être atteints par le péché, pourquoi l'Apôtre aurait-il considéré cette gloire de Jésus comme le mettant si au-dessus des hommes? C'est donc là une différence qui le distingue de nous. Il a été tenté sans péché, tandis que nous le sommes, en en subissant les atteintes. L'homme a beau être fort et courageux , il n'échappe pas aux traits de ses ennemis; sa chair n'est pas une armure invulnérable qui le préserve du danger des combats ; il n'y a que Celui dont la beauté l'élève au-dessus des enfants des hommes, qui a pris une chair fragile et s'est assujetti à la mort, sans pouvoir être atteint cependant de la moindre souillure.
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La sainte Vierge partage cette gloire par son immaculée conception. ↩