2.
Il faut donc, pour comprendre ces paroles, saisir dans quel esprit elles ont été dites, savoir ce que l'Apôtre entendait par le bien, et ce qu'il lui opposait comme mal; ne pas nous arrêter à la plus simple signification des mots, mais leur trouver un sens digne de Celui qui les a prononcés. Car pour profiter des vérités que Dieu a inspirées pour nous à ses saints, nous devons considérer l'état et le mérite de Celui qui les a dites, et nous mettre réellement dans les mêmes dispositions d'esprit. Il ne doit y avoir qu'une manière de parler et de comprendre.
Examinons avec soin quel était ce bien parfait, que l'Apôtre ne pouvait accomplir, comme il le voulait. Il y a beaucoup de biens que saint Paul et les saints qui lui ressemblent, ont reçu en naissant, ou ont acquis par la grâce; nous ne pouvons le nier. Tels sont une heureuse chasteté, une louable continence, une admirable prudence, une humilité profonde, une sage sobriété, une modeste tempérance, une douce compassion, une sainte justice. Ces vertus étaient si réelles et si parfaites dans saint Paul et dans les Apôtres, qu'ils ont encore plus enseigné la religion par leurs exemples que par leurs paroles. N'étaient-ils pas sans cesse pleins de vigilance, et consumés de zèle pour les Églises? Ne poussaient-ils pas la miséricorde et la perfection jusqu'à souffrir pour les coupables, et être faibles avec les faibles?
Puisque l'Apôtre avait ces biens en abondance, nous ne pouvons connaître celui qui lui manquait qu'en nous pénétrant du sentiment qui le faisait parler ainsi. Il possédait toutes les vertus que nous venons de citer, et qui étaient comme des pierres précieuses et resplendissantes; mais en les comparant à cette perle si belle et si rare, que le marchand de l'Évangile veut vendre tout ce qu'il a pour l'acheter, elles nous paraîtront si peu considérables, que nous renoncerons à tout pour nous assurer la possession d'un bien si parfait.