10.
Les saints sentent, tous les jours, que les pensées de la terre qui les accablent les font déchoir des hauteurs de la contemplation et tomber, malgré eux et à leur insu , sous l'empire de la mort et du péché. Ils voient que les actions dont nous avons parlé , qui sont bonnes et saintes, mais qui cependant regardent la terre, les éloignent de la présence de Dieu; et alors ils ont raison de gémir et de s'humilier devant lui, de reconnaître non pas de bouche seulement, mais du fond de l'âme, qu'ils sont pécheurs, et de demander sincèrement pardon de ces fautes que leur fait commettre la faiblesse de la chair, et qu'ils s'efforcent d'effacer dans les larmes de la pénitence. Ils voient avec peine qu'il faudra souffrir ainsi toute leur vie et offrir à Dieu leurs prières avec toutes ces distractions. L'expérience leur montre que le fardeau de la chair les empêche d'atteindre la fin qu'ils désirent et de s'unir au souverain Bien que souhaite leur coeur. Ils sont éloignés de sa contemplation par les choses de la terre, et, pour briser leurs chaînes, ils s'adressent à la grâce de Dieu qui justifie les pécheurs. Ils disent avec l'Apôtre : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? Ce sera la grâce de Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ. » (Rom., 24.) Ils sentent que le bien qu'ils veulent, ils ne peuvent l'accomplir, mais qu'ils tombent toujours dans le mal qu'ils ne veulent pas et qu'ils détestent, c'est-à-dire dans les distractions de la pensée et dans les soins du corps.