8.
Nous devons nous hâter et faire tous nos efforts pour dépouiller l'homme intérieur de toutes ces malheureuses richesses, qu'il a gagnées dans sa première vie. Il faut nous délivrer de tout ce qui tient tellement à notre âme et à notre corps, que, si nous ne nous en séparons dès maintenant, ces choses nous nuiront, même après notre mort.
Comme les vertus que nous avons acquises ici-bas, et la charité qui en est la source, font dans le ciel la gloire et la beauté de ceux qui les ont aimées sur terre, de même les vices qui ont obscurci l'âme, pendant cette vie, lui transmettent la honte et la corruption pour l'éternité. L'âme est belle ou difforme, selon ses vertus ou ses vices. Les vertus lui donnent cet attrait et cette splendeur qui la rendent si belle, que le Prophète ne craint pas de dire : « Le roi désirera votre beauté. » (Ps. XLIV, 12.) Les vices, au contraire, la déshonorent et la défigurent tellement, qu'elle est obligée de confesser elle-même sa honte et sa misère; elle s'écrie : « La corruption et l'infection de mes plaies sont causées par ma folie. » (Ps. XXXVII, 6.) Et le Seigneur dit lui-même : « Pourquoi la plaie de la fille de mon peuple n'est-elle pas fermée? » (Jérémie, VIII, 12.) Ce sont là les richesses inséparables de l'âme, et il n'y a pas de roi ou d'ennemi qui puisse nous les donner ou nous les enlever. Ce sont les richesses qui sont véritablement à nous, et dont la mort ne pourra nous séparer; en y renonçant, nous parviendrons à la perfection ; en nous y attachant, nous mériterons la mort éternelle.