I.
Serviteurs de Jésus-Christ, qui travaillez en ce moment à vous approcher de Dieu1, vous tous qui l'avez déjà confessé et lui avez rendu témoignage, apprenez sur quelles règles de la foi, sur quels principes de la vérité, sur quelle loi de la discipline repose l'obligation de renoncer aux spectacles, parmi les autres erreurs du siècle, de peur que vous ne péchiez, les uns par ignorance, les autres par dissimulation. Tel est en effet la séduction des plaisirs, qu'elle entraîne l'ignorance dans la chute, ou corrompt la conscience par le mépris du devoir. Pour ajouter à ce double malheur, on se prévaut des maximes des païens qui, dans cette matière, ont coutume de raisonner ainsi contre nous. Qu'importent à la religion, au fond de l'âme et de la conscience, des consolations extérieures accordées uniquement à l'œil et à l'oreille? Dieu s'offense-t-il d'un délassement durant lequel l'homme garde toujours la crainte et le respect qu'il lui doit? Non, en jouir dans son temps et dans son lieu n'est pas un crime. Illusion! Nous avons dessein de démontrer que ces plaisirs s'accordent aussi peu avec la religion véritable qu'avec la véritable soumission à Dieu. Suivant quelques-uns, les Chrétiens, race d'hommes toujours prête à mourir2, se forment à l'intrépidité par la privation des divertissements, afin de mépriser plus facilement la vie, en coupant les liens qui pourraient les y enchaîner, et de ne pas regretter une chose qu'ils ont rendue inutile. Ainsi, sur ce fondement, il faudrait haïr sa vie plutôt par les conseils d'une sagesse humaine que par soumission au précepte divin. En effet, ceux qui persévèrent dans le plaisir ne meurent pour Dieu qu'avec regret. Toutefois, s'il en était ainsi, cette mâle constance devrait déjà savoir gré à ces sages précautions.