38.
« Ils se prévalent encore d'une lettre qu'Epiphane, disent-ils, leur a écrite. Quoi qu'il en soit , lorsque Jésus-Christ jugera les grands et les petits sans avoir égard à la qualité des personnes; ce prélat rendra compte devant son tribunal de tout ce qui est arrivé. Cependant quel fond peuvent-ils faire sur cette lettre qui n'a été écrite qu'au sujet de l'ordination irrégulière de Paulinien et de ses compagnons, ordination dont je me suis plaint, comme il le témoigne lui-même dès le commencement de sa lettre? » Fut-il jamais un plus grand aveuglement et de plus épaisses ténèbres ? Jean dit due nous nous prévalons d'une lettre d'Epiphane , et que cependant nous n'en avons aucune que ce prélat ait écrite contre lui ; et il ajoute aussitôt ; « Quel fond peuvent-ils faire sur cette lettre qui n'a été écrite qu'au sujet de l'ordination irrégulière de Paulinien et de ses compagnons, ordination dont je me suis plaint, comme il le témoigne lui-même dès le commencement de sa lettre? » Nous n'avons point cette lettre. Eh! dans quelle lettre donc parle-t-on dès le commencement de l'ordination de Paulinien ? Mais, après ce commencement, il y a quelque chose dont vous appréhendez bien qu'on ne fasse mention. Vous avez repris Epiphane de ce qu'il avait ordonné Paulinien prêtre avant qu'il fût en âge de l'être ; mais vous-même n'avez-vous pas ordonné Isidore prêtre, quoiqu'il ne fût pas plus âgé que Paulinien? ne l'avez-vous pas député comme fauteur et partisan de vos erreurs ? N'avez-vous pas eu l'imprudence d'envoyer un prêtre qui n'est encore qu'un enfant dans le lieu même où vous supposez qu'on a élevé un enfant à la dignité du sacerdoce? N'avez-vous pas encore conféré l'ordre de la prêtrise à Theosebas, diacre de l’Eglise de Tyr? Ne l'avez-vous pas armé contre nous et engagé à employer son éloquence en votre faveur? Il n'est permis qu'à vous seul de fouler aux pieds toutes les règles de l'Eglise tout ce que vous faites doit servir d'exemple aux autres , et vous n'avez point de honte de citer Epiphane à comparaître avec vous devant le tribunal de Jésus-Christ.
Voici ce que vous ajoutez ensuite : « Epiphane a toujours logé et mangé chez moi ; cependant jamais il ne m'a parlé des dogmes d'Origène, jamais il ne m'a soupçonné d'être dans l'erreur. » C'est ce que vous dites avec serment, et vous en prenez Dieu même à témoin. Je ne veux pas vous pousser sur cela trop vivement ni vous faire les justes reproches que vous méritez, de peur de convaincre un évêque de parjure. Nous avons en main plusieurs lettres de saint Epiphane, dont l'une vous est adressée, les autres aux évêques de la Palestine , et une que ce prélat a écrite depuis peu à l'évêque de Rome. Dans toutes ces lettres il dit que vous ayant accusé d'erreur en présence de plusieurs personnes , vous n'aviez pas seulement daigné lui répondre, et que toute notre communauté en était témoin.