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Works Jerome (347-420) Epistulae Correspondance

AU SÉNATEUR PAMMAQUE. — TRAITÉ CONTRE JOVINIEN. — TRADUCTION DU LIVRE DE JOB. — QU'IL FAUT ÉCRIRE POUR TOUS LES HOMMES SANS DISTINCTION.

Lettre écrite du monastère de Bethléem, en 392.

Il sied quelquefois à la modestie chrétienne de ne point écrire à ses amis et de se renfermer en soi-même par un humble silence, plutôt que de se rendre suspect d'ambition, en renouvelant une ancienne amitié. Comme vous j'ai gardé le silence, tant que vous l'avez gardé à mon égard; et je n'ai jamais voulu vous obliger à le rompre, de peur qu'on ne s'imagine que je vous écris, plutôt pour ménager un puissant patron que pour m'entretenir avec un ami. Mais puisque vous m'avez prévenu par des lettres bienveillantes, je tâcherai désormais de vous prévenir moi-même, et de vous envoyer non pas des réponses, mais des lettres; afin qu'on voie que c'est la modestie seule qui jusqu'ici m'a fait garder le silence, et que c'est par une modestie encore plus grande que je prends aujourd'hui la liberté de le rompre.

Quant à mes traités contre Jovinien, je suis très persuadé que c'est par prudence et par amitié que vous avez tâché d'en retirer les exemplaires. Mais toutes vos précautions ont été inutiles; car quelques personnes venues ici m'en ont lu des extraits, qu'elles m'ont dit avoir faits elles-mêmes à Rome. On avait même déjà répandu mes livres dans toute notre province. Or vous savez ce que dit le poète : « Un mot lâché ne revient jamais. »

Je n'ai pas le bonheur, comme la plupart des écrivains d'aujourd'hui, de pouvoir corriger quand il me plait les bagatelles dont je m'occupe. A peine ai-je fait quelque ouvrage, que mes amis et mes envieux le répandent aussitôt dans le public, avec un égal empressement, quoique par des motifs bien différents; et comme ils le jugent, non d'après son mérite, mais d'après leurs dispositions à mon égard, tout est outré et dans les louanges et dans les reproches. Ainsi tout ce que j'ai pu faire est de vous envoyer l'apologie1 dont je vous ai parlé. Quand vous l'aurez lue, vous pourrez répondre pour moi aux objections que l'on me fait; ou si vous ne goûtez pas vous-même mes raisons, vous serez obligé d'expliquer autrement que moi ce que dit l'apôtre saint Paul de la virginité et du mariage.

Je ne prétends pas par là vous engager à écrire, persuadé que vous avez encore plus d'ardeur que moi pour l'étude de l'Écriture sainte. Tout ce que je souhaite c'est que vous ameniez mes censeurs à me répondre. Comme ils sont écrivains et qu'ils se piquent d'érudition, ils peuvent m'instruire au lieu de me critiquer. Qu'ils donnent quelque ouvrage au public, et le mien tombera aussitôt.

Lisez, je vous prie, et examinez attentivement les paroles de l'Apôtre, et vous verrez que, pour me soustraire à la censure et à la calomnie, j'ai parlé du mariage avec beaucoup plus de ménagement que lui. Origène, Denis , Pierius Eusèbe de Césarée, Didyme et Apollinaire, ont expliqué fort au long cette épître de saint Paul. Pierius surtout voulant développer le véritable sens de 'Apôtre, et expliquer ce passage : « Je voudrais que tous les hommes fussent en l'état où je suis moi-même, » ajoute aussitôt: « Saint Paul se déclare ici ouvertement en faveur du célibat. » Qu'ai-je dit qui approche de cela? En quoi donc, je vous prie, ai-je manqué, et que peut-on trouver de trop dur et de trop outré dans mes écrits? Lisez les commentaires de tous les auteurs dont je viens de parler ; cherchez dans les bibliothèques de toutes les Eglises, et vous serez pleinement convaincu de mon innocence.

J'apprends que vous êtes généralement estimé dans Rome; j'apprends que le pontife et le peuple jettent les yeux sur vous. Mériter la dignité du sacerdoce, c'est plus avantageux que de la posséder. Si vous voulez lire les seize livres des prophètes que j'ai traduits de l’hébreu en latin, et si cet ouvrage est de votre goût, cela m'engagera à publier mes autres écrits.

J'ai traduit aussi depuis peu en latin le livre de Job ; vous pourrez en emprunter un exemplaire à Marcella, votre parente. Tachez de le lire en grec et en latin ; comparez l'ancienne édition avec ma traduction, et vous verrez quelle différence il y a entre la vérité et le mensonge. J'avais envoyé au saint évêque Domnion quelques-uns de mes commentaires sur les douze prophètes et sur les quatre livres des Rois. Si vous les lisez, vous verrez combien il est difficile d'entendre l'Écriture et surtout les Prophètes; vous verrez aussi que des passages très purs dans l'original fourmillent d'erreurs dans la traduction par la faute des traducteurs. Au reste, cette éloquence que vous méprisez dans Cicéron pour l'amour du Christ, ne la che; chez pas dans un auteur aussi ordinaire que moi. Un écrivain ecclésiastique, quand même il posséderait toutes les grâces du langage, doit les cacher et les dédaigner, afin de parler non point aux écoles oisives des philosophes ou à un petit nombre de disciples, mais à tous les hommes en général.


  1. Voyez le Traité contre Jovinien, cinquième série; Polémique. ↩

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